En l'absence d'une «gestion transparente» de l'ancien
fleuron de la mécanique agricole que maîtrisaient parfaitement les travailleurs
et cadres du Complexe de machinisme agricole de Sidi Bel Abbès,
le partenaire social incarné par le comité de participation ne sait plus à quel
saint se vouer surtout lorsqu'il se trouve confronté à un bureau du directeur
général scellé. C'est une situation des plus compromettantes que vivent les
travailleurs avec leurs représentants du comité de participation qui n'ont
aucune direction en face pour entreprendre un dialogue responsable à propos de
l'avenir de l'entreprise, sachant que le directeur général avait été limogé par
le conseil d'administration à partir du 30 juin dernier, selon une note de
service dont nous détenons une copie. De constructeur de l'une des plus
prestigieuses marques des moissonneuses-batteuses, on en a voulu faire du
Complexe de machinisme agricole de Sidi Bel Abbès un
simple sous-traitant à la merci de firmes étrangères qui étaient «à la limite
de la faillite», ont clamé les membres du conseil d'administration. Afin de
parer à ce blocage, le comité de participation a tiré la sonnette d'alarme à
travers une correspondance adressée le 25 août dernier à la ministre de
l'Industrie et des Mines. Dans la correspondance en question, on n'est pas allé
par plusieurs chemins pour crier haut et fort «la mort programmée» de l'EPE CMA
Spa en remettant en cause les partenariats avec les Finlandais dans le montage
des moissonneuses-batteuses et les Portugais pour le matériel aratoire. Pour le
premier partenariat avec la société SAMPO Finlande, les signataires de la
correspondance se sont interrogés sur le choix de cette société alors que les
Allemands de CLASS, affirme-t-on, étaient les mieux classés dans l'avis d'appel
d'offres. «Une telle décision mal calculée a induit à une mévente du produit
quasiment boudé par les agriculteurs», indique la même correspondance adressée
à la ministre. Et d'ajouter que «par conséquent, les aires de stockage se
retrouvent saturées». En effet et pour libérer les aires de stockage, les
responsables de SAMPO Algérie ont loué une infrastructure, en l'occurrence
EDIMA, pour transférer les machines invendues afin de les éloigner des regards,
a-t-on signalé. Pour le second partenariat avec la société portugaise «Galucho» pour le matériel aratoire et le transport
agricole, le comité de participation assure que CMA disposait d'un matériel
plus performant et à moindre coût sous licence de l'Allemand CLASS. Pour ces
deux partenariats, à priori, selon le comité de participation, ils n'ont
apporté aucune plus-value pour l'entreprise mère du fait que ces «deux
partenaires sont en déficit depuis l'exercice 2017 et n'arrivent même pas à
honorer les loyers des locaux qu'ils occupent», a-t-on déploré. La ministre de
l'Industrie et des Mines, qui serait annoncée pour une visite de travail dans
les prochains jours, est directement interpellée pour l'ouverture d'une enquête
sur la gestion de ces deux partenariats qui sont, aux yeux du partenaire
social, «sans utilité dans l'apport technologique et la création de richesse et
d'emplois permanents». On relève, par ailleurs, l'imbroglio qui s'installe
faute de passation de consignes après le départ du directeur général.
Des membres du conseil d'administration jouissent
aussi de la qualité de clients de l'EPE CMA. Pour tous ces motifs, les
travailleurs, par la voie du comité de participation qui reste en dépit de
toutes considérations un organe de gestion légal, sollicitent la ministre pour
se pencher sur ce dossier «important» vu son impact direct sur l'avenir de
centaines de familles. A noter que d'autres correspondances, restées sans
suite, ont été adressées auparavant au wali de Sidi Bel Abbès
et au président du groupe mécanique. Toutes nos tentatives pour entrer en
contact avec un dirigeant de l'EPE CMA ont été vaines. Nous n'avons pu que
constater, au siège de la DG, un bureau fermé sous scellés.