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Ce cocktail détonant que le pouvoir redoute en cette rentrée sociale

par Kharroubi Habib

Le cocktail détonant que le pouvoir appréhende pour la rentrée sociale est celui auquel donnerait lieu la convergence possible entre la contestation politique qu'entretient le mouvement populaire et celle sociale promise par des syndicats à l'effet de faire entendre les revendications des salariés de leurs secteurs. Pour les observateurs, cette convergence est susceptible de donner lieu à une situation dans le pays dont le pouvoir prendra prétexte pour tenter de la régler de la manière forte. Cette tentation, le pouvoir de fait incarné par le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, n'y est pas fermé et l'a laissé transparaître au constat de la fin de non-recevoir qu'ont reçue ses appels pressants à l'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais prônée par lui comme la voie la plus sûre et constitutionnellement indiquée pour résoudre la crise politique dans laquelle le pays est plongée depuis sept mois.

Si comme promis le front social entre en ébullition alors aucun signe ne ferait entrevoir un dépassement possible de la crise politique, le pouvoir se retrouverait alors devant le pire des scénarios envisageables pour lui. Celui d'avoir à faire à une contestation politico-sociale n'étant pas loin de la « désobéissance civile » que prônent ses adversaires les plus déterminés. A ces derniers, le pouvoir a donné argument à plaider pour l'accentuation de la pression populaire sur lui. Les jours à venir après la rentrée sociale permettront de savoir si le mouvement populaire et les acteurs du front social ont été convaincus par la stratégie de la pression renforcée préconisée par ces milieux. Pour conjurer leur convergence tant redoutée, le gouvernement Bedoui a pris l'initiative d'un paquet de mesures à caractère social par lesquelles il escompte amadouer les bénéficiaires et les rendre moins réceptifs à la contestation en cette forme.

La certitude est qu'après la rentrée le risque est grand de voir le face-à-face entre le pouvoir et ses contestataires se durcir et ne plus se traduire uniquement par des échanges d'accusations verbales. Cela est en filigrane à travers le durcissement du traitement que le pouvoir inflige aux acteurs politiques et sociaux qui campent vent debout contre sa volonté d'imposer sa solution dans le « cadre constitutionnel » à la crise politique et dans le comportement de franges activistes et radicales leur servant de relais au sein du mouvement populaire à l'encontre des partisans de l'organisation de l'élection présidentielle à laquelle le panel présidé par Karim Younes tente laborieusement de frayer le chemin. Si les positions de ces deux parties en viennent au durcissement, il s'en produira inéluctablement des dérapages qui donneront prétexte aux tenants de la manière forte parmi l'aréopage de décideurs au sein du pouvoir à exiger son recours à ceux d'entre leur cercle qui résistent contre la tentation. Le basculement serait alors d'une dangerosité immense pour l'Algérie.