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Sa propre famille politique le boycotte: Le président de l'APN sur le gril

par Moncef Wafi

  Mouad Bouchareb est plus seul que jamais. Ayant perdu sa qualité de coordonnateur du FLN, qui a désormais un nouveau secrétaire général, il risque aussi de se voir éjecter du perchoir de l'Assemblée populaire nationale (APN). Hier, les représentants de sa propre famille politique ainsi que les groupes parlementaires de l'opposition ont boycotté son discours, lors de la journée parlementaire consacrée aux massacres du 8 Mai 1945. En effet, l'APN a organisé, hier, une conférence pour célébrer les événements du 8 Mai 1945, sous le slogan «mémoire et leçon» au niveau de la salle Rabah Bitat. L'ensemble des députés ont été destinataires d'invitations pour assister à cette rencontre, mais les députés de l'opposition et ceux du FLN ont décidé de boycotter cette journée à cause de la présence de Bouchareb. Pour sa part, le député du parti Adala, Lakhdar Benkhalaf, a lancé un appel via sa page officielle Facebook, à tous les députés, pour boycotter cette activité, écrivant à cet effet : «j'appelle tous les députés honnêtes à boycotter la journée parlementaire qu'organise Bouchareb», rappelant que ce dernier est «illégitime» à la tête de l'Assemblée parlementaire. De leurs côtés, les députés du FLN ont également refusé d'assister à cette conférence en guise de contestation contre le président de la Chambre basse du Parlement. Ils réclament le départ de Bouchareb de la présidence de l'APN pour répondre à l'appel des millions d'Algériens qui continuent de descendre dans la rue, et ce depuis le 22 février dernier. On reproche aussi à l'ancien coordonnateur de l'ex-parti unique de vouloir légitimer un gouvernement aux abois à travers une séance de questions orales aux ministres de Bedoui, prévue initialement le 2 mai dernier avant d'être reportée à une date ultérieure sous la pression des députés qui ont appelé au boycott de la séance. Pour rappel, le bureau de l'APN avait prévu 24 questions orales, émanant pour la plupart du FLN et du RND, destinées à huit ministres (Affaires religieuses, Solidarité, Jeunesse et Sports, Education nationale, Commerce, Environnement, Agriculture et Habitat).

Par ailleurs, et selon le quotidien arabophone El Khabar, Bouchareb, au même titre que Ouyahia (RND), Ghoul (Taj) et Benyounès (MPA), représentant l'alliance présidentielle, sont ciblés par une action en justice intentée par l'avocat et activiste Abdelghani Badi. Le porte-parole du mouvement Mouwatana est en train de recueillir des données et des éléments de preuve à l'appui de sa plainte au procureur général près la cour d'Alger contre ces quatre responsables politiques et le dossier sera prêt, a déclaré l'avocat à El Khabar, dans les deux prochains jours, pour qu'il soit soumis au ministère public au début de la semaine prochaine. Me Badi estime que les actions des quatre hommes sont passibles de poursuites judiciaires dans la mesure où leurs discours «facteur déstabilisateur pour l'unité de la nation» provoquaient les sentiments des Algériens lorsqu'ils appelaient à un cinquième mandat.

«Ghoul, Ouyahia, Bouchareb et Benyounès ont été les parrains et le noyau dur du cinquième mandat», ajoute-t-il. L'avocat précise que si les poursuites judiciaires sont engagées, elles le seront dans le cadre de l'article 79 du code pénal qui stipule que quiconque agit par quelque moyen que ce soit pour porter atteinte à l'intégrité du pays sera puni d'un emprisonnement d'un à dix ans et d'une amende de 3.000 à 70.000 dinars, avec la possibilité de le priver de certains droits civiques. Ils sont également soumis à l'article 87 bis du code pénal, comme prévu dans son septième paragraphe, qui évoque l'obstruction aux institutions de l'État et de les inclure dans le cadre d'actes terroristes ou subversifs.