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Une Constitution déficelée

par Abdou BENABBOU

Et si comme le pense une majorité d'Algériens, que ceux s'agrippant au respect de la Constitution et s'appuyant mordicus sur une présidentielle le 4 juillet ne sont en définitive que dans un rationnel qui leur offre la garantie d'une sortie indemne des sables mouvants. Dans leurs esprits, le reste aléatoire des commodités politiques pourrait suivre sans encombre et tout le monde sera satisfait. Mais cet entêtement rivé dans l'agenda politique du pays et affiché comme sage et réalisé par ceux qui s'y accrochent, pèche par une remarquable incohérence.

Qui d'une Constitution ou d'un président de la République doit céder le pas ? Elire un chef suprême sur la base de la Constitution actuelle, triturée, malmenée et violée par tous ceux qui ont atterri à El Mouradia et lui laisser le loisir d'en triturer une autre ? Ou mettre en place une nouvelle Constitution sur la base de laquelle sera élu un nouveau chef de l'Etat ?

La raison et le bon sens imposent une logique incontournable. Ceux qui ont applaudi et soutenu un paraplégique à la parole ciselée pour un cinquième mandat en utilisant un attirail varié et contesté avec une effronterie d'une débilité inouïe doivent désormais se taire. Chanter encore la gloire d'une Constitution législative déficelée n'est pas à propos, car ceux qui en imposent encore le rythme seraient les premiers à se prosterner une nouvelle fois aux pieds de Bouteflika, si par on ne sait quel miracle il se remettrait à marcher. Ils sont donc les plus mal placés pour se prévaloir comme de présents artisans d'une deuxième république.

C'est la Constitution législative qui cadre les attributions d'un président de la République et non l'inverse, tant est qu'il a été donné malheureusement à tous les chefs d'Etat algériens de la travestir pour en faire une chaussure à leurs pieds.

Enfin, avec la folklorique panoplie large des candidats qui se sont manifestés pour le prochain 4 juillet, il est offert aux Algériens des issues les plus olé olé. Plus de 100 prétendants parmi lesquels quelques dégénérés sont allés toquer aux portes du ministère de l'Intérieur.

Pour consacrer l'hilarité, nous sommes contraints d'admettre que 40 millions de concurrents fourbissent leurs armes, toute raison perdue et toute honte bue, pour s'installer à la présidence.