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Constantine - Le Hirak a libéré le commerce informel

par A. Zerzouri

Le commerce informel a réinvesti avec force les espaces publics, ces derniers jours. Au centre-ville de Constantine, en particulier sur la rue du ?19 Juin', les vendeurs informels ont repris du poil de la bête, exposant à leur aise les marchandises au milieu de la rue, et provoquant un énorme désordre. Bien sûr, ces vendeurs attirent la foule, notamment la gent féminine qui y trouve son compte avec des prix proposés défiant toute concurrence, mais loin de la norme moyenne sur le plan de la qualité et de la garantie.

Ce retour en force des vendeurs informels est très mal vu par les commerçants réguliers de cette rue commerçante par excellence, eux qui ont combattu ce phénomène avec tant d'énergie, pour l'éradiquer presque totalement durant quelque temps, et qui le voient revenir, les narguant devant les portes de leurs magasins. « On essaie de faire avec », nous dira le gérant d'un magasin, qui explique que ce phénomène du commerce informel a fait un grand retour depuis l'avènement du mouvement populaire, ou Hirak.

Depuis le mois de février dernier, fera-t-il remarquer, les services de sécurité n'exercent plus leur pression sur ces vendeurs informels.

Ces derniers, qui étaient dissuadés d'exposer leurs marchandises dans la rue, par des policiers spécialement affectés dans cette rue, sont tolérés depuis le début des manifestations, et on comprend pourquoi, dira notre interlocuteur, ajoutant dans ce sillage que c'est certainement pour apaiser la tension sociale, permettre à ces jeunes de s'occuper, de gagner un peu d'argent, même si cela se fait au détriment des commerçants réguliers et de l'économie nationale. Ailleurs, loin du centre-ville du chef-lieu de wilaya, la situation n'est pas différente, elle est même pire par endroits. A la cité Daksi Abdesselem, réputée centre incontournable du commerce informel, tous genres de marchandises confondus, c'est la pagaille à longueur de journée. Et, il y a des moments de pics dans la journée où les gens font du coude à coude pour bouger de leur place.

Ce marché informel à ciel ouvert, où le souk de la fripe côtoie le marché des fruits et légumes, attire quotidiennement des milliers de personnes qui y affluent de tous les quartiers. Le même topo est également vécu à la nouvelle ville Ali Mendjeli, où le commerce informel, qui a pratiquement envahi tous les espaces publics, notamment dans les alentours des grands centres commerciaux, attire les habitants de toute la wilaya et des wilayas limitrophes. Et, l'on peut prévoir que ce phénomène aura de beaux jours devant lui, notamment durant le Ramadhan.