Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Des migrants asiatiques obtenaient des visas algériens en Inde: L'Algérie au centre d'un réseau international de passeurs pour l'Espagne

par Moncef Wafi

  Un réseau international de passeurs bangladais a été démantelé par la police espagnole.

Ayant ses ramifications en Asie, en Algérie, au Maroc et en Espagne, les passeurs obtenaient de manière frauduleuse des visas au consulat d'Algérie en Inde, selon un communiqué de la police espagnole qui n'explique pas, pour autant, la manière avec laquelle ces visas étaient obtenus. L'enquête a débuté après l'arrivée sur la côte de Cadix, de plusieurs bateaux transportant des migrants en situation irrégulière d'origine asiatique. Après les premières investigations, les enquêteurs ont conclu qu'il s'agissait de l'action conjuguée de plusieurs organisations criminelles qui coordonnent leurs efforts pour transférer, illégalement, les migrants sur le territoire espagnol. Au moins 350 Bangladais, Indiens, Pakistanais ou Sri-Lankais, devant payer entre 14.000 et 20.000 euros, seraient entrés en Espagne de cette manière, selon la même source. L'organisation était composée de plusieurs réseaux : l'un recrutait des candidats à l'émigration dans les pays d'origine, un autre organisait le séjour dans les pays de transit, l'Algérie et le Maroc et un troisième organisait la traversée clandestine vers l'Espagne à bord de bateaux à moteur.

Une fois en Algérie, les migrants se rendaient à Maghnia ou Oran, avant de franchir, à pied la frontière marocaine de nuit. Une fois au Maroc, ils sont installés à Rabat, Casablanca, Tétouan ou encore Oujda. Par la suite, ils sont transférés à Tanger ou à Nador où ils se retrouvent entre les mains de l'organisation marocaine chargée de leur transfert, par voie maritime, vers les côtes espagnoles dans des embarcations semi-rigides et à moteurs puissants. Les migrants étaient généralement hébergés dans des maisons surpeuplées où ils restaient cachés jusqu'au moment de leur voyage. La structure du réseau, mise en place en Espagne, était chargée de faciliter l'accueil de ces migrants et de leur fournir des documents de voyage et d'identité, ainsi que des certificats facilitant leur régularisation administrative sur le territoire espagnol.

Le réseau disposait même de son propre contrefacteur, à Barcelone, qui possédait plusieurs timbres d'agences officielles bangladaises avec lesquels il trafiquait des extraits de casier judiciaire et des passeports bangladais.

Les forces de l'ordre ont arrêté 11 personnes installées dans la capitale catalane et saisi, au total, quelque 18.000 euros, des sceaux d'organismes officiels du Bangladesh, des documents falsifiés, 32 passeports, plus de 200 documents certifiés ainsi que des dispositifs de stockage de masse d'informations. Depuis le début de l'année, plus de 7.800 migrants ont regagné l'Espagne, 2ème porte d'entrée de l'immigration clandestine en Europe, derrière la Grèce, selon l'Organisation internationale pour les Migrations.