Il est de l'ordre de l'impossible que quelqu'un d'autre hormis le président déchu aurait pu mettre les Algériens dans un si magistral sac d'embrouilles. L'Histoire retiendra son passage forcé à la trappe en convenant qu'il faille bien lui accorder une couronne d'or pour sa mégalomanie et il n'est pas saugrenu de déduire aujourd'hui que sa brillance manœuvrière, à défaut de faire de lui un homme d'Etat, n'a servi qu'à l'ériger comme un parfait tisserand de piège à cons.

Toute une nation est empêtrée dans un singulier marécage qu'il a planifié jusqu'à laisser penser que toutes les dernières belles marches populaires et les portails légèrement entrebâillés des tribunaux ne sont que des signes forts d'une société embarrassée. Signe précurseur de sérieux ennuis, aucune relève humaine à la hauteur des problèmes du pays n'est visible à l'horizon car le sujet était perçu comme un blasphème pour un président qui se prenait pour Dieu le Tout-Puissant et les opposants comme ils aiment à se définir, ligotés puis pulvérisés, se complaisent encore malheureusement dans des zizanies individualistes pour se conformer à des exercices politiciens d'un autre temps. Les déflagrations sociales généralisées à travers le monde montrent bien que le peuple algérien est au cœur d'un nouveau charivari colossal et sa mise à l'abri ne saurait en aucune manière être réglée par un zaïmisme moyenâgeux ni par un général au torse bombé.

L'impasse est si criarde que le pessimisme s'impose rigide face à des gesticulations à priori de bonne foi mais dont la consistance se détache mal d'évidents contours folkloriques.

La vérité imparable et toute crue impose la nécessité et le courage de tout raser. L'heure est si grave que l'impasse semble ardue à résoudre. Entre vociférations spectaculaires, accusations à l'emporte-pièce et retouches superficielles, l'économie est anesthésiée et pratiquement tout ou presque est à l'arrêt. Sans doute faudrait-il pour dépasser cette foire d'empoigne faire appel à l'efficace raison paysanne qui consisterait pour commencer à ce que chaque Algérien fasse sa véritable et juste révolution avec lui-même.