Le phénomène prend de plus en plus de l'ampleur. Oran est devenue un grand chantier des tours. La majorité des assiettes de terrain récupérées dans la ville d'Oran et attribuées ensuite aux promoteurs immobiliers se sont transformées en un temps record en tours gigantesques modifiant l'image urbanistique et architecturale d'Oran.

Ces bâtiments montés en longueur font beaucoup d'ombre aux habitations mitoyennes déjà existantes, certaines datant même de l'époque coloniale, faisant partie du patrimoine historique de la ville. Comment sont attribués ces terrains ? Sur quelle base sont délivrés les permis de construire ? Des questions que des citoyens très contrariés par cette poussée des tours comme des champignons voudraient avoir une réponse.

C'est le cas des habitants de l'immeuble situé dans le quartier du Plateau au 7 rue Boughalem Mohamed, faisant angle avec la rue Adda Benaouda. Elles sont 16 familles qui se battent depuis presque un an contre la construction d'une tour de 12 étages mitoyenne avec leur immeuble. Une bâtisse déjà vétuste et qui risque d'être fragilisée par les travaux lancés sur le site. A l'origine, le terrain où a été lancé le chantier de la tour était un entrepôt qui a été démoli ensuite par le nouveau propriétaire du terrain, un promoteur immobilier, dans le seul but de construire une tour. Un projet objet de discorde entre les habitants de l'immeuble et le promoteur immobilier du fait que « les normes en matière d'urbanisme et de construction n'ont pas été respectés », selon le représentant des locataires.

Dans une lettre adressée à la wilaya, à l'APC d'Oran et à la direction de l'urbanisme, les habitants ont interpellé les autorités locales à intervenir pour l'arrêt des travaux qui risquent de causer des dégâts à leur immeuble. Seule la direction de l'urbanisme, nous confie le représentant des habitants, a été à l'écoute à « notre requête et a mené une enquête sur le chantier et fait un rapport sur la situation ».

Un rapport qui a révélé des réserves concernant la poursuite du projet et suite à quoi la direction de l'urbanisme a recommandé la suspension des travaux et la constitution d'un nouveau dossier en respect de la règlementation en vigueur.

Malgré le rapport de la direction de l'urbanisme, rien n'a été fait. Les travaux continuent et les habitants craignent le pire et s'interrogent comment les autorités locales délivrent des permis de construire de tours sans une étude préalable sur la faisabilité du projet, ses répercutions sur l'environnement urbanistique et architectural de la ville et sur les habitations limitrophes.