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Des «oracles» ballons-sondes

par Kharroubi Habib

Bouteflika rentré au pays, les Algériens à l'affût d'informations sur ce qui va s'ensuivre sont abreuvés d'oracles leur prédisant ce que le pouvoir va finalement faire comme annonces pour satisfaire la rue et mettre fin à son ébullition que n'ont pas fait retomber les engagements promis par le revenant dans le message qu'il lui a adressé en officialisant sa candidature pour un cinquième mandat.

De son côté, le pouvoir observe un silence dont la cause ne peut être que l'indécision qui est la sienne à opter pour une solution de sortie de crise à substituer à l'option cinquième mandat qui n'est plus dans son agenda. Dans le cercle des décideurs, il ne semble pas qu'il y ait divergence sur ce à quoi doit aboutir la solution qu'il présentera au peuple mobilisé pour que le changement qu'il revendique s'opère. Tous les tenants de ce pouvoir sont d'accord pour que cette solution doit à la fois apparaître comme une prise en compte des revendications populaires mais ne les dessaisissant pas de son ordonnancement et de la conduite de sa mise en œuvre. Ce second enjeu est probablement celui qui explique que le pouvoir tarde à révéler ce qu'il a l'intention d'annoncer.

Dans le fatras d'oracles qui sont servis aux Algériens, il en est que l'on peut sans se tromper attribuer aux officines de ce pouvoir et à ses relais médiatiques et sont destinés à jauger la réaction populaire sur le degré de crédit dont pourraient encore disposer certaines personnalités du sérail officiel susceptibles de jouer un rôle dans le scénario de substitution à celui du cinquième mandat. L'autre problématique à laquelle le cercle des décideurs est confronté est la difficulté qu'il a à rallier à sa solution un aréopage d'acteurs politiques et sociétaux dont la caution lui donnerait un semblant de large et probant consensus qui l'absoudrait de toute accusation d'être une manœuvre visant à dessaisir le peuple du droit qu'il a repris d'avoir son mot à dire sur la cuisine politique qui se mijote en réponse à ses revendications.

Il reste que le pouvoir est dos au mur sommé de faire connaître ses réponses au mouvement populaire dont l'expression et le comportement ont provoqué un extraordinaire retournement de situation. Celui de faire apparaître la rue comme la gardienne et défenseuse de la stabilité et de l'unité nationales et les tenants du pouvoir comme une menace pour elle en s'accrochant à celui-ci, en s'essayant à des ruses et stratagèmes politiques visant à faire obstacle à l'inéluctabilité du «dégagez» tous que les Algériens scandent par millions.