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Réforme de la loi des hydrocarbures, gaz de schiste, offshore...: Regain d'intérêt des majors pétrolières pour l'Algérie

par Sofiane M.

  Le regain d'intérêt des majors pétrolières et des compagnies étrangères opérant dans les services des hydrocarbures pour l'Algérie semble se confirmer. La réforme annoncée de la loi des hydrocarbures, qui accorde un allégement fiscal (baisse de la taxe sur les superprofits et levée du contrôle fiscal), les investissements colossaux de Sonatrach, qui a consacré plus de 100 milliards de dollars pour l'exploitation des hydrocarbures ces dix dernières années, et enfin la relance de l'exploration des ressources non conventionnelles suscitent un regain d'intérêt des majors pétrolières pour l'Algérie.

Le ministre de l'Energie a donné le ton des actions prévues dans les prochaines années par le gouvernement pour la relance de la production pétrolière qui n'a cessé de reculer ces dernières années. Le ministre a révélé, lors de l'inauguration de la 9e édition du Salon NAPEC (North Africa Petroleum Exhibition & Conference), organisée au palais des expositions du Centre des conventions d'Oran (CCO), devant un parterre, composé essentiellement de cadres dirigeants des compagnies étrangères, que des efforts sont consentis par le gouvernement dans le secteur des hydrocarbures avec pour objectif «le remplacement des réserves produites et la sécurité énergétique du pays sur le long terme, dont les besoins sont en constante croissance». La stratégie du ministère de l'Energie repose sur six axes: d'abord la récupération des gisements en exploitation, l'exploitation des ressources non conventionnelles, notamment le gaz de schiste grâce à l'expérience américaine, l'amélioration des capacités de traitement de pétrole brut (raffinage), le développement des énergies renouvelables, en particulier le solaire, la prospection offshore et enfin la réduction de la consommation domestique des produits pétroliers. Selon des estimations révélées au cours de la première journée de ce salon, l'Algérie détiendrait la 7e réserve du monde en offshore. Cependant, ce qui semble intéresser les majors pétrolières, c'est le potentiel énorme du pays en matière de gaz de schiste.          

L'Algérie dispose en effet des 3es réserves mondiales en gaz de schiste. La contestation populaire contre le gaz de schiste et les risques de pollution de la nappe phréatique ne semblent aucunement inquiéter les responsables du secteur de l'énergie qui soutiennent que les nouvelles techniques d'extraction développées par les firmes américaines sont «écologiques». L'exploitation du gaz de schiste a un impact environnemental sur les sous-sols et les nappes phréatiques. L'extraction du gaz de schiste nécessite la fracturation hydraulique pour libérer le méthane des roches sédimentaires. Un fluide ?composé à 90% d'eau, 8% de sable et 2% d'additifs chimiques? est injecté à haute pression dans un puits d'extraction horizontal. Cette technique de fracturation hydraulique présente des risques environnementaux: non-démantèlement du matériel d'extraction, affaiblissement et fragilisation des sous-sols, risque de remontée des additifs chimiques dans les nappes phréatiques, augmentation des risques sismiques, etc. Il existe certes des techniques de fracturation alternatives moins polluantes, utilisées récemment aux USA et au Canada, mais pour de nombreux experts, plusieurs risques demeurent présents. L'exploitation du gaz de schiste risquera ainsi de provoquer d'autres contestations. Le ministère de l'Energie ambitionne par ailleurs d'élever les capacités de raffinage du pétrole brut qui sont passées, grâce à la rénovation des équipements, à 30 millions de tonnes au lieu de 22 millions de tonnes en 2008.

Outre le développement des capacités de raffinage, le ministère œuvre pour maîtriser la consommation locale qui a explosé en raison de la progression du parc automobile algérien et les besoins croissants du secteur industriel et celui du transport.

Il importe de noter que la 9e édition du Salon international de l'énergie et des hydrocarbures NAPEC, qui se déroule du 10 au 13 mars en cours au CCO, a attiré cette année près de 570 sociétés opérant dans les services pétroliers de 40 pays. Ces sociétés sont venues pour exposer les dernières inventions dans le domaine et promouvoir des solutions innovantes pour l'exploration, l'extraction et le transport des produits pétroliers.

Elles cherchent aussi à conclure des partenariats avec des opérateurs algériens ou étrangers pour profiter du grand potentiel de l'Algérie dans ce secteur.

Les responsables de compagnies nationales ont d'ores et déjà annoncé les deux premiers jours de ce salon, la conclusion de partenariat avec des sociétés africaines dans le domaine des hydrocarbures et de l'électricité. Ainsi le groupe Sonelgaz annonce la signature de deux accords avec des pays africains dans le domaine de l'énergie électrique.