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Tribunal criminel d'Oran: 12 ans de réclusion pour trafic de 9.000 comprimés de psychotropes

par M. Nadir

  Le tribunal criminel de première instance d'Oran a prononcé, jeudi dernier, trois condamnations à la réclusion criminelle contre trois personnes reconnues coupables de transport et détention en vue de commercialisation d'une quantité de psychotropes estimée à 9.000 comprimés.

Selon les faits consignés dans l'ordonnance de renvoi, le dénommé D. El Kheir, jeune homme de 33 ans originaire de Barika, wilaya de Batna, a été interpellé le 25 janvier 2017 près de la station d'essence d'El Kerma, à l'entrée d'Oran, alors qu'il était au volant d'une Renault Symbol de location dans laquelle les services de sécurité ont trouvé 9.011 comprimés de Valium, tranquillisant de la famille des benzodiazépines. Le suspect était en compagnie d'un certain G. Ahmed, 28 ans, oranais habitant dans le quartier de Petit Lac, qui devait le conduire par taxi à Canastel où il devait remettre la marchandise à un certain Mounir.

Ainsi pris en flagrant délit de possession de psychotropes, El Kheir s'est très vite mis à table et fait des aveux complets. A ses interrogateurs, il a déclaré avoir été contacté par H. Smaïn qui lui a proposé de convoyer à Oran une quantité indéterminée de psychotropes contre une commission de 200.000 DA. Offre alléchante que l'homme n'a pas pu refusée. Il a donc louée une voiture dans une agence de Barika et pris la route pour la capitale de l'Ouest, où il devait être accueilli par un certain Mounir : «Mais à El Kerma, c'est un autre homme que je ne connaissais pas qui est venu (G. Ahmed, Ndr). Et c'est là que là que j'ai été arrêté».

De son côté, G. Ahmed, commerçant et courtier en voitures, a affirmé avoir été contacté par le dénommé Mounir - dont il avait fait la connaissance par le truchement de H. Smaïn - qui lui avait demandé d'aller à la rencontre d'un ami à El Kerma et de le conduire à Canastel. Il a donc loué un taxi et s'est rendu près de la station d'El Kerma où il a été mis aux arrêts : « C'est un service que je rendais à Mounir. J'ignorais qu'il était question de trafic de stupéfiants », a-t-il soutenu.

Lors de leurs investigations, les enquêteurs ne parviendront jamais à déterminer l'identité de Mounir, présumé destinataire des substances stupéfiantes, ni à mettre la main sur H. Smaïn fournisseur présumé d'El Kheir. Après instruction, le magistrat instructeur décidera d'inculper D. El Kheir, G. Ahmed et H. Smaïn (en étant fuite) pour transport de drogue et détention en vue de commercialisation en bande organisée, suivant l'article 17, alinéa 3, de la loi 04-18 portant prévention et répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes.

Devant la cour d'assises, El Kheir, maintiendra ses aveux et Ahmed ses dénégations, jurant avoir seulement voulu rendre service au dénommé Mounir sans savoir qu'il était question de drogue.

Pour le ministère public, les aveux du premier accusé et la présence sur les lieux du second sont suffisants pour établir leur culpabilité et leur infliger la réclusion à perpétuité.

Ce que le défenseur de G. Ahmed a fermement contesté en arguant du fait que son client ignorait qu'El Kheir transportait des produits stupéfiants et que, dans le cas contraire, il ne serait pas allé à sa rencontre à bord d'un taxi : «Il aurait pris sa propre voiture pour minimiser les risques», a-t-il déclaré en soutenant que Ahmed a été manipulé par le dénommé Mounir. Au terme de sa plaidoirie, l'avocat demandera l'acquittement de son mandant, autre victime des barons de trafic de drogue.

Quant au défenseur d'El Kheir, il se contentera de plaider les circonstances atténuantes en indiquant que son client a reconnu ses torts depuis le début de l'affaire et qu'il a également été victime de la puissance des trafiquants de drogue : «H. Smaïn a exploité la misère sociale de notre client et lui a fait une proposition qu'il pouvait difficilement rejeter », a-t-il déploré.

Après délibérations, le tribunal criminel de première instance a considéré que l'accusation de trafic en bande organisée n'était pas étayée par des preuves mais a déclaré les accusés coupables du reste des chefs d'accusation.

El Kheir et Ahmed ont écopé de 12 années de réclusion criminelle alors que H. Smaïn a été condamné à la prison à perpétuité par contumace.