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Sonatrach-Total: Un complexe algéro-français pour produire du polypropylène

par Ghania Oukazi

  Sonatrach et Total ont signé, jeudi dernier, à Oran, les statuts d'une Joint-venture (JV) en prévision de la réalisation d'un complexe de production de polypropylène pour un coût de 1,8 milliard de dollars dont 70% sont assurés en emprunts par la BNA (Banque nationale d'Algérie).

Les statuts ont été signés par Tewfik Hakar, vice-président Business et Développement de Sonatrach, le directeur général des Domaines de la wilaya d'Oran, M. Benaïssa, et le directeur Total Algérie, Jean-Pascal Clémençon.

Les deux compagnies pétrolières ont appelé leur JV STEP «Sonatrach Total Entreprise Polymères' par laquelle ils prévoient de réaliser et d'exploiter, ensemble, un complexe de déshydrogénation du propane pour la production du polypropylène (PDH-PP) dans la zone industrielle d'Arzew et sa commercialisation sur le marché local et international.

Le complexe produira 550.000 tonnes de polypropylène, par an, à partir d'une charge de 650.000 tonnes, par an, de propane collectées des installations de séparation de GPL d'Arzew. « Le projet comprend une usine de déshydrogénation de propane (PDH) et une unité de production de polypropylène ainsi qu'une unité logistique à la pointe de la technologie, » disent ses promoteurs. La réalisation sera financée à hauteur de 30% en capitaux propres fractionnés entre Sonatrach et Total sur la base de la règle 51/49. Les 70% seront obtenus par emprunts auprès de la BNA. C'est-à-dire que du coût global de 1,8 milliard de dollars, la banque algérienne assurera aux deux partenaires, 1,3 milliard de dollars, en emprunts. C'est ce que prévoit la convention de financement qui a été signée le même jour, à l'hôtel ?Le Méridien' d'Oran, conjointement par M'Hamed Kharoubi vice-président Finance de Sonatrach, le P-DG de la BNA, Achour Aboud et le directeur Finance pétrochimie Orient Total, Vincent Good. La convention ou le « Project Financing.», fixe, à cet emprunt, une période de grâce de 3 à 4 ans et une autre de remboursement qui se situe entre 11 et 12 ans. Kharoubi estime les 30% d'emprunts bancaires, à 500 millions de dollars.

L'on note que dans la fiche de présentation du projet, il est écrit que la réalisation du complexe coûtera 1,4 milliard de dollars, alors que le vice-président Business et Développement de Sonatrach, Tewfik Hakar, a déclaré, à la presse, en marge de la cérémonie de signature des statuts, qu'elle coûtera « selon des estimations préliminaires » 1,5 milliard de dollars. Le vice-président Finance de Sonatrach, M'Hamd Kharoubi, pour sa part, a corrigé les deux montants, lors de son intervention en annonçant que celui retenu en dernier est de 1,8 milliard de dollars. Ces écarts d'évaluation, à des millions de dollars de différence, sont justifiés par le fait que «les études menées jusqu'à la dernière minute de la conclusion de la JV ont précisé, au détail près, les besoins financiers du projet dans sa totalité. » Tewfik Hakar a affirmé que des 550.000 tonnes de polypropylène qui seront produits, annuellement, à Arzew, 120.000 à 130.000 tonnes couvriront les besoins de l'Algérie. « Le reste, c'est-à-dire les 4/5ème de la production sera exporté vers l'Afrique du Nord, la Turquie (on pourra couvrir 25% de ses besoins) et l'Europe,» fera-t-il savoir.

Le Polypropylène produit localement couvrira ainsi les besoins du pays et permettra l'épargne de devises et ce, en mettant fin à son importation. Le vice-président Business et développement a souligné que « le prix du polypropylène dépasse de 2,5% la charge du propane. » Pour la seule année 2017, l'Algérie en a importé 78.000 tonnes pour plus de 100 millions de dollars. Hakar note que « le polypropylène est cette matière plastique qui est utilisée dans quasiment toutes les activités industrielles.» Elle est, dit-il « utilisée à hauteur de 15 à 30% dans la construction automobile, dans les textiles (pour les besoins du complexe en partenariat avec les Turcs, à Relizane, au lieu de l'importer), dans l'emballage de tout gabarit, dans la production pharmaceutique (flacons et bouteilles)?. » Tewfik Hakar note que durant la phase construction, il est attendu la création de 750 à 1.000 emplois directs. Tandis que pour la phase exploitation du complexe, il annonce la création de 300 emplois directs et 500 autres indirects.

Sur la fiche technique, on relève que durant la 1re phase de construction du complexe qui prendra 24 mois, les besoins en personnels sont chiffrés à 2.500 agents « dont un maximum requis de 30%, en effectif local soit 750 agents. » Une 2ème phase de construction est prévue sur 12 mois et aura besoin de 5.000 agents « dont un minimum requis de 30%, en effectif local soit1.500 agents.» Ce qui donne, lit-on encore, « un total prévisionnel minimum de 10.000 en phase de construction en emplois indirects et de 5.000 en phase d'exploitation « incluant notamment le transport (personnel et marchandise), manutention, maintenance, surveillance et gardiennage, hygiène, catering, emballage, télécommunication, etc?,» précisent ses cadres.