Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Que faire le 18 avril?

par Moncef Wafi

Voilà, nous y sommes. Après un flou savamment entretenu sur avril et le reste du calendrier grégorien et les hypothèses, contre-indications et migraines carabinées sur le report ou non de la présidentielle, le corps électoral a été convoqué hier pour le 18 avril prochain, soit dans trois mois pile-poil ou presque. Ça sera un jeudi, et vous qu'est-ce que vous allez faire ce jour ? Honnêtement, moi, je ne sais pas trop pour le moment et tout dépendra de la météo, de mon humeur, de mon état physique et mental, de ce qu'aura fait le Real. Enfin, ce genre de trucs, vous savez, qui font qu'on se lève de son pieu et qu'on décide d'aller voter ou non. De s'entendre dire pourquoi pas et de traîner sa carcasse jusqu'au bureau de vote le plus proche. Mais le critère le plus important est dans le choix des candidats.

Pour le moment, si la seule certitude est dans la date du scrutin, le reste baigne toujours dans un clair-obscur. Le chef de l'Etat sera-t-il de la partie ? Et c'est si oui, il n'y aura aucune place au suspense. Même s'il ne fera pas de campagne électorale, consigne a été donnée à l'équipe gouvernementale de ratisser le pays pour porter la bonne parole du président à la populace. Les ministres seront mobilisés pendant la campagne pour jouer aux porte-voix d'un cinquième mandat. Devant les dépenses attendues, on parle de quelque 416 millions de dollars pour l'organisation de cette élection, ne vaudrait-il pas mieux qu'on passe outre les urnes, qu'on déclare Bouteflika vainqueur, sur tapis vert, pour essayer de faire des économies d'autant plus que ses adversaires, des habitués de la loose, ne seront là que pour jouer aux faire-valoir de circonstance. Au moins, on pourra toujours espérer que cet argent serve à autre chose que de le gaspiller pour une évidence.

Ce qui est certain, c'est que ce ne sont pas des élections qui feront de l'Algérie un pays démocratique, qu'on se le dise une bonne fois pour toutes ! La seconde hypothèse, c'est que Bouteflika s'adresse à nous pour dire basta. Qu'il nous dise qu'il laisse sa place à quelqu'un d'autre. Alors là, le jeu en vaudra la chandelle, l'ampoule et l'abat-jour, les choses deviendront plus intéressantes pour peu, aussi, qu'on respecte les cahiers des charges. On pourra toujours rêver d'un nouveau portrait, un porteur d'espoir pour la jeunesse qui meurt dans l'eau et se projeter dans un avenir qui serait peut-être plus clément.

Une nouvelle ère qui balaierait ces escrocs de la politique, ces morpions de l'économie et ces professionnels de la cour. Mais la question qui se pose est est-ce que voir un nouveau visage décider changera quelque chose à ce pays dont les enfants font encore la sieste ?