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Enfin !

par Mahdi Boukhalfa

Enfin ! L'annonce tant attendue par la classe politique comme par les observateurs est tombée hier vendredi: le président Bouteflika a signé le décret présidentiel convoquant le corps électoral pour l'élection présidentielle, prévue pour le 18 avril prochain. Une annonce qui bat en brèche toutes les analyses et les commentaires, parfois acerbes, sur la volonté du pouvoir de reporter, sinon de différer la prochaine élection présidentielle. Les réserves enregistrées jusque-là sur la tenue de ce rendez-vous électoral, notamment par la présidence de la République, mais également par les partis de la majorité, après une certaine confusion sur la tenue ou pas de cette élection, avaient un moment jeté le doute, sinon contrarié les attentes de l'opposition et l'opinion publique.

La convocation donc du corps électoral par le chef de l'Etat, dans les délais impartis par la loi organique relative au régime électoral, met ainsi un terme à toutes les appréhensions, autant qu'à un climat politique de sinistrose qui commençait à envahir les états-majors de l'opposition. Mais également à dévoiler certaines positions malsaines de quelques partis de l'opposition qui sont allés jusqu'à enfreindre une certaine réserve politique pour proposer des scénarios tout à fait impossibles à un moment où toute la classe politique insistait sur le respect de la légalité constitutionnelle et l'abandon de toute voie qui irait à l'encontre de la loi organique relative aux élections.

Pour autant, si les choses sont rentrées dans l'ordre en ce qui concerne la tenue effective de cette présidentielle, reviennent cependant au-devant de la scène les questions embarrassantes pour les partis d'opposition qui ambitionnent de se lancer dans la course électorale. Car à ce stade de l'évolution de la situation politique, toute la question est de savoir si M. Bouteflika va se porter candidat et briguer un 5ème mandat. Les partis de la majorité, le Parlement et le Sénat, les organisations patronales et le syndicat UGTA ont déjà annoncé leur candidat. La question du soutien à la candidature du président Bouteflika, ?'pour la continuité de son œuvre'', a été réglée à la fin de l'automne et ne restait alors que l'annonce de la décision du président Bouteflika. Or, si le chef de l'Etat n'a pas encore annoncé sa décision et toute l'actualité politique de ces prochaines semaines se focalisera d'ailleurs sur cette question, l'opposition a déjà, elle également, donné son avis sur une candidature pour un 5ème mandat. Avec comme raison principale pour le rejet de cette candidature, l'âge et l'état de santé du président qui l'empêchent d'exercer, selon l'opposition, ses fonctions constitutionnelles, diriger le pays.

En fait, si l'élection présidentielle d'avril 2019 est d'ores et déjà dans le pipe, l'inconnue pour l'opinion publique comme pour la classe politique sera évidemment ce que va décider M. Bouteflika. Et, pour cela, il a encore le temps, si jamais il va se porter candidat, d'annoncer sa décision. Car l'article 140 de la loi organique portant régime électoral relative à l'élection présidentielle stipule que ?'la déclaration de candidature est déposée, au plus tard, dans les quarante-cinq (45) jours qui suivent la publication du décret présidentiel portant convocation du corps électoral''. Les 45 prochains jours seront dès lors décisifs quant à la composante des candidats à cette élection présidentielle qui a pris des directions inattendues. D'autant que certains candidats de partis d'opposition ont déjà annoncé leur intention de se présenter à cette élection présidentielle, à condition qu'il n'y ait pas une candidature à un 5ème mandat du président Bouteflika.