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Déficit en spécialistes en cardiopathies lourdes: Les compétences nationales récupérées par les pays occidentaux

par M. Aziza

  Les malformations congénitales en cardiologie infantile restent assez importantes en Algérie et, dans la plupart des cas, les nouveaux-nés meurent avant d'être soignés. Les spécialistes regrettent l'absence de prise en charge de cette pathologie dès la première heure de la naissance, due essentiellement à la fuite à l'étranger des spécialistes formés en Algérie et au manque de centres spécialisés.

C'est ce qu'a affirmé vendredi le professeur Abdelmalek Benbouzid, chef de service de cardiologie à l'hôpital de Constantine, lors de la 2ème édition du séminaire international «Cœur de l'enfant» organisé à l'hôtel Aurassi par la fondation IBNI, en précisant que la prise en charge de ces malformations nécessite «des expertises pointues» et des moyens. Pour le professeur, le vrai problème réside dans l'absence de compétences pointues dans le domaine.

Il affirme que le problème se pose dans tous les pays du monde. «Sachant que les pays développés qui sont confrontés à la rareté de ce profil de spécialistes font tout pour attirer ces talents ou ces experts en cardiopathies congénitales, parce que, eux aussi, ont un déficit en matière de praticiens spécialisés». Il précise encore qu'il n'y a pas en fait «une focalisation ou une concentration sur ce genre de formations. Ceux qui sont formés en la matière ne sont pas retenus en Algérie ; ils quittent le pays vers d'autres destinations une fois qu'ils trouvent des facteurs de motivation».

L'autre fausse note, c'est le manque de prévention, car, précise-t-il, pour prendre en charge efficacement ce genre de pathologie, il faut que la population soit consciente de la nécessité du suivi de la grossesse. Une parturiente qui présente une malformation congénitale, on doit prévoir son accouchement dans un centre proche pour la prendre en charge rapidement, «car certaines malformations nécessitent une prise en charge immédiate après l'accouchement, dans les heures qui suivent, sinon l'enfant décède». «C'est ce qui arrive souvent, les nouveaux-nés meurent avant les soins».

33 enfants ont bénéficié de soins à l'étranger en 2017

La Sécurité sociale affirme que les autorités sanitaires œuvrent à réduire davantage le transfert des enfants souffrant de malformations congénitales en cardiologie à l'Etranger et que «pas moins de 33 enfants souffrant de cardiopathies lourdes ont bénéficié de soins à l'étranger en 2017, avec une réduction des cas d'une année à une autre». On espère arriver à 0 transfert dans l'avenir proche, a précisé Mme Merad Boudia, directrice de l'action sanitaire et sociale de la CNAS. Les enfants atteints de cardiopathies lourdes sont pris en charge à la clinique médico-chirurgicale infantile. Un établissement hospitalier public situé à Bou-Ismaïl, wilaya de Tipaza, dépendant de la CNAS et du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Quinze pathologies sont prises en charge dans cette clinique. Depuis le début de l'année 2004, il y a eu à Bou-Ismaïl plusieurs interventions de chirurgie cardiaque à cœur ouvert, des interventions de chirurgie cardiaque à cœur fermé et des cathétérismes interventionnels (petites chirurgies).

La CNAS a également signé des conventions avec 23 cliniques privées pour répondre aux besoins. Selon la représentante de la CNAS, pas moins de 16.984 enfants ont été pris en charge dont 16.091 en consultation, dans ces cliniques.

Un centre de chirurgie pédiatrique dans trois ans

La fondation Ibni, créée et financée par Med Investment Holding, se prépare déjà pour le lancement ou plutôt la création d'un centre de chirurgie pédiatrique spécialisé. C'est ce qu'a annoncé Abdel Madjid Kerrar en marge du séminaire international «Cœur enfant». Il a affirmé que le centre sera créé en partenariat avec un hôpital chinois et un hôpital espagnol, deux hôpitaux de référence.

Le début des opérations pour la concrétisation de ce projet est prévu dans trois années. Il devra être érigé au centre du pays, à Alger, selon M. Kerrar.