Pour Langley, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman,
est bel et bien le commanditaire du meurtre de Jamal Khashoggi.
Après avoir buggé sur l'assassinat de JFK, 55 ans
plus tôt, la CIA, les moukhabarate de l'Oncle Sam, a
affirmé que MBS est coupable au second degré de l'exécution chirurgicale du
journaliste saoudien. Ce ne sont plus les assertions d'Erdogan,
vieilles comme Mathusalem, ni les certitudes de sa fiancée turque, pour
qu'elles ne soient pas prises en compte par Macron, May et Merkel, mais c'est
la conclusion d'une des agences d'espionnage les plus performantes, selon
Hollywood. L'information, relayée par le Washington Post où Khashoggi
tenait une tribune, balaye la version saoudo-saoudienne qui blanchissait MBS.
La justice, là-bas, a décrété que Sa Majesté est innocente, qu'il n'a rien à
voir avec ce crime atroce et qu'au moment des faits, il n'était même pas
présent au consulat à Istanbul. Le dossier est clos, selon le procureur général
du Royaume, enfin, en ce qui concerne l'implication de son employeur. Mais
attendez, ceux qui pensaient que l'affaire s'arrêterait là en sont pour leurs
rials puisque le magistrat saoudien a indiqué que sur 21 suspects, il a inculpé
à ce jour onze personnes, qui seront déférées devant la justice, dont cinq cous
sont à un pouce du sabre du bourreau. On ne plaisante pas avec la justice, on
ne badine pas avec les droits de l'homme sauf si on est pris la scie de
bûcheron à la main. L'enquête de la CIA présente cette application avérée ou
empruntée que les Arabes et autres races tiers-mondistes ne possèdent pas,
alors c'est estampillé sérieux de chez sérieux et les Saoudiens ont du souci à
se faire. Why ? Le Washington Post a juré d'avoir le
scalp de MBS, une promesse ancrée dans le temps sauf si les Saoudiens
parviennent à racheter le titre et dans ce bas monde tout est possible. Le
gâteau est trop gros pour qu'on passe l'éponge et qu'on lâche l'affaire, non
pas que la Maison Blanche ou Ankara ou encore l'Elysée se soucient des restes
de Khashoggi, mais le chantage est tentant. Plus de
contrats, surtout d'armement, contre regarder ailleurs et faire semblant de se
contenter des têtes tombées de quelques lampistes. Tout le monde y gagne, Trump et Macron pour les dollars des cadavres yéménites; Erdogan pour
l'expulsion de son pire ennemi Gülen, et Israël pour
plus de permissivité de la part des Arabes de la région. Les plus grands
perdants restent la justice, l'honneur, la dignité humaine et bien sûr Jamal Khashoggi.