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De nouveau, les turbulences

par Mahdi Boukhalfa

Au pavillon aérien national, les turbulences et autres trous d'air sont devenus une tradition. Quand ce ne sont pas les stewards ou les pilotes, ce sont les personnels au sol qui débraient sans crier gare, prenant en otage non seulement des milliers de voyageurs, mais l'image de marque de la compagnie. Tous les clients d'Air Algérie ont toujours un pincement au cœur lorsqu'ils arrivent à l'aéroport pour prendre leur vol. Le transporteur aérien national embourbé dans un autre conflit de travail avec les techniciens de la maintenance des aéronefs. Et, cette fois-ci encore, le dialogue est oublié par la direction générale qui n'entend pas discuter de simples revendications des grévistes de la maintenance avions, qui ne demandent qu'une permanisation pour ceux qui sont en «CDD» et une hiérarchisation des postes. Et donc pas de revendication de hausse des salaires, mais rétablir, selon les grévistes, «une justice sociale» entre les travailleurs de la compagnie.

L'employeur refuse de dialoguer et emploie «le bâton» en décidant des suspensions. Mais, le plus grave dans ce bras de fer est que le contrôle des aéronefs devient problématique, puisque les contrôles ne se font pas normalement. Et cela fait peur, même si la compagnie rassure et affirme au 5ème jour de grève des techniciens de la maintenance des avions qu'«il est impossible de laisser décoller des appareils sans avoir procédé à un contrôle rigoureux répondant à des normes précises. Plusieurs médias relaient ces rumeurs infondées, induisant en erreur la population». La section UGTA de la compagnie vient à la rescousse et affirme également que «les avions d'Air Algérie, alignés pour les vols, sont techniquement contrôlés en matière de navigabilité selon les normes de sécurité prescrites par les autorités nationales et internationales». Et, «avant chaque départ, l'avion est soumis à trois contrôles rigoureux exercés par le mécanicien avion, le service de contrôle interne à la compagnie (SACA) et le personnel navigant», rassure la même section syndicale.

L'intervention de la section UGTA fait suite, en réalité, aux affirmations inquiétantes des grévistes selon lesquels «certains avions décollent sans contrôles». Qui a raison, qui a tort ? Qui croire dans ce «énième» conflit de travail au sein d'une compagnie aérienne qui bat de l'aile depuis des dizaines d'années et qui n'arrive toujours pas à assurer la ponctualité de ses vols ? Il est évident qu'avec cette grève des techniciens de la maintenance des aéronefs, il est beaucoup plus question d'assurer la sécurité des passagers que d'adopter une position jusqu'au-boutiste, contre-productive à un moment où le sort de la compagnie ne dépend que de la volonté du gouvernement de ne pas la brader et la mettre aux enchères.

A Air Algérie comme dans les autres grandes entreprises publiques, le souci premier n'est pas de mesurer les conséquences sociales, financières d'une grève des travailleurs. Et, au final, Air Algérie restera dans une peu enviable position de compagnie aérienne à faible potentiel de développement, minée par ses contradictions et ses conflits de travail.