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Tribunal criminel de 1ère instance d'Oran: Dix ans pour trafic de 992 pilules d'Ecstasy

par M. Nadir

Jeudi dernier, le tribunal criminel de 1ère instance d'Oran a examiné une affaire dans laquelle cinq accusés étaient poursuivis de trafic de drogue en bande organisée portant sur un millier de comprimés d'Ecstasy. A l'issue de l'audience, L. Mohamed, B. Tlemçani, Bo. Benaouda, Ka. Mohamed et Ke. Salim ont écopé de peines de prison comprises entre huit et dix ans.

Les faits remontent au vendredi 27 janvier 2017 quand L. Mohamed, vendeur de fruits et légumes âgé de 36 ans, est arrêté par un barrage de la gendarmerie nationale dressé à la sortie de Maghnia. La vérification d'identité de routine prend un tour particulier quand les gendarmes découvrent un sachet contenant de nombreuses pilules d'Ecstasy, 991 exactement, que Mohamed reconnaît être sur le point de remettre à un certain Tlemçani qui l'attendait dans la localité voisine de Soualem. L'homme, qui prétend avoir acquis la marchandise auprès d'un certain Mohamed de Maghnia, est immédiatement arrêté et accepte d'aider à l'interpellation du deuxième suspect, B. Tlemçani, 35 ans, ramasseur de ferraille, résidant à Hassi Bounif, wilaya d'Oran. Comme son complice, Tlemçani ne fait aucune difficulté pour reconnaître les faits. Il dit avoir été chargé par K. Mohamed, un ami et également ramasseur de ferraille à Oran, de se rendre à Soualem pour récupérer la marchandise contre une commission de 20.000 de dinars.

Interpellé son tour, Ka. Mohamed admet avoir acheté les pilules auprès de L. Mohamed pour la somme de 60 millions de centimes et d'avoir chargé Tlemçani de profiter d'un déplacement professionnel à Maghnia (ramassage de déchets ferreux) pour faire un crochet à Soualem et prendre possession des pilules.

Les investigations par les autorités compétentes ont abouti à l'arrestation de deux autres suspects, Bo. Benaouda, 27 ans, vendeur de légumes, et Ke. Salim, transporteur clandestin de 23 ans. Tous les cinq seront entendus par le magistrat instructeur qui, à l'issue de la procédure d'instruction, décidera qu'il existe suffisamment de faits accablants pour inculper l'ensemble des suspects sous les chefs d'accusation d'importation et trafic de drogue en bande organisée suivant les articles 19 et 17 (alinéa 1 et 3) de la loi 18-04 relative à lutte contre le trafic de stupéfiants.

Lors du procès, les trois premiers accusés ont réitéré leurs déclarations et justifié leurs actes par une situation sociale difficile. Ils ont, par ailleurs, soutenu que les deux autres accusés n'avaient jamais trempé dans cette affaire.

A la barre, Bo. Benaouda et Ke. Salim jureront avoir été injustement emprisonnés et nieront avoir pris part à ce trafic. Le premier expliquera que son seul tort est de servir de chauffeur à Tlemçani qui n'a pas de permis de conduire (dans ses déplacements de ramassage de ferraille) et le second reconnaîtra avoir porté les 60 millions de son voisin Ka. Mohamed à L. Mohamed, à Maghnia, mais sans savoir qu'il était question de stupéfiants : «Je suis transporteur clandestin et j'ai seulement fait une course pour 4 000 dinars. Je n'étais au courant de rien», affirmera-t-il au tribunal.

Au cours d'un bref réquisitoire, le représentant du ministère public s'appuiera sur le flagrant délit, les aveux des trois premiers accusés et les échanges d'appel téléphoniques pour conclure qu'il est bien question d'une bande organisée et que les accusés sont coupables des faits reprochés. Il réclamera 13 ans de prison contre chacun des mis en cause.

Dans leurs plaidoiries, les cinq avocats de la défense seront unanimes à dénoncer l'absence d'éléments de preuves soutenant les accusations d'importation en bande organisée et demanderont au tribunal d'acquitter leurs mandants pour ces chefs d'accusation. L'une des robes noires déplorera que l'on criminalise un dossier portant sur 991 pilules d'Ecstasy quand une affaire de trafic de 9.000 comprimés de Ketyl (médicament anxiolytique) a été qualifiée de délit et a été jugé au tribunal correctionnel de cité Djamel : « C'est devenu une question de chance », observera-t-il.

Les défenseurs de L. Mohamed, B. Tlemçani et Ka. Mohamed solliciteront la clémence et les circonstances atténuantes pour leurs clients qui n'ont pas de difficultés pour reconnaître leurs torts tandis que les avocats de Bo. Benaouda et Ke. Salim plaideront l'acquittement pour défaut de preuves à charge.

Après délibérations, le tribunal criminel de première instance déclarera les accuses coupables des faits reprochés, condamnera L. Mohamed, B. Tlemçani et Ka. Mohamed à 10 ans de prison, et Bo. Benaouda et Ke. Salim à 8 ans.