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Electroménager: Des produits entre interdiction d'importation et droit additionnel

par M. Aziza

  Les réactions «d'incompréhension» pour ne pas dire de «mécontentement» contre les décisions prises par les autorités algériennes, notamment en matière de restrictions à l'importation des produits finis, continuent à se faire entendre.

Apres les critiques de pays de l'Union européenne et d'entreprises américaines, c'est le tour cette fois-ci des entreprises sud-coréennes, à leur tête LG Electronics. Ses responsables ont affirmé que les restrictions relatives à l'importation et le manque de prévisibilité et de stabilité du marché de l'électroménager en Algérie, ont eu un impact négatif sur le business du groupe LG, et ce, pour une période de six mois à une année. Ils ont ainsi exprimé, devant la presse, leur souhait d'avoir une stabilité dans la politique tarifaire des douanes ainsi qu'une levée de l'interdiction d'importation, ne serait-ce que pour les produits dits Premium (produits intelligents connectés) qu'il est difficile de produire localement, vu la haute technicité et la nécessité d'avoir sur place de gros moyens d'investissement. Plusieurs produits innovants (des électroménagers dits intelligents, ou produit de signature en vogue) n'arrivent toujours pas à pénétrer le marché algérien, en raison justement des interdictions des importations des produits finis. Mais il faut reconnaître ce qui apparaît comme une « malédiction » pour l'entreprise sud-coréenne s'est avéré une bénédiction pour la partie algérienne. Puisque, le groupe LG a préféré s'adapter aux orientations de l'Etat algérien, invitant à investir localement en Algérie, sur la base du principe gagnant-gagnant. Ne voulant pas perdre leur marché en Afrique du Nord, notamment le marché algérien, LG Electronics a, depuis le mois de mai dernier, entamé la production locale de certains de ses produits qui sont aujourd'hui interdits à l'importation. Et ce, au lieu de quitter un marché assez important, comme c'est les cas, à titre d'exemple, du groupe japonais Sony qui était présent en Algérie, à travers un partenaire et distributeur algérien, qui s'est retiré du marché algérien, notamment après l'interdiction de l'importation des produits finis.

Aujourd'hui, LG Electronics ou son concourant Samsung n'arrivent plus à introduire les téléphones mobiles finis d'une manière directe ni même des produits finis, tels que les climatiseurs, les réfrigérateurs, congélateurs, fours à micro-ondes, cuisinières électrothermiques pour usages domestiques ou encore de machines à laver. Tous ces produits d'importation ont été suspendus par le gouvernement algérien, hormis les machines au-delà de dix kilos et certains téléviseurs au-delà de 50 pouces. Cette restriction a poussé l'entreprise sud-coréenne à se lancer dans la production à hauteur de 90%. C'est ce qu'a confié au Quotidien d'Oran, Mustapha Mohammedi, manager de LG Electronics Algérie, lors d'une rencontre avec la presse ce jeudi. Et de préciser que l'entreprise importe seulement 10 % de ses produits d'une manière directe. Le groupe LG Electronics s'est vu contraint de faire de l'assemblage en Algérie, en produisant localement deux modèles de machine à laver, et ce depuis le mois de mai dernier. Et quatre types de réfrigérateur et quatre types de climatiseur, depuis juin 2018. Sachant que l'entreprise produit (montage) des téléphones mobiles depuis déjà juin 2017. Donc, LG Elctronics a ainsi adopté la stratégie de partenariat en choisissant des partenaires locaux, en l'occurrence Bomare Company. L'enterprise ne veut pas s'arrêter à ce niveau. Elle a déjà mis sur les rails d'autres projets d'assemblage localement, tels que les réfrigérateurs Side By Side (à deux portes) et des micro-ondes qui seront ainsi produits localement.

Il est vrai que le ministre du Commerce avait affirmé que son département avait pensé aux droits additionnels. En se voulant rassurant, il avait indiqué il y a quelques mois, qu'il n'y aura pas de produits interdits « puisque tous les produits interdits à l'importation auparavant nous allons les verser dans le droit additionnel », c'est-à-dire des taxes allant de 30 à 200 % avec l'objectif de protéger et d'encourager la production nationale. Il avait même indiqué, dans le même contexte, que l'entrée en application du droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) aux opérations d'importation de marchandises finies, destinées à la consommation, se fera probablement vers la fin de cette année. Mais pour Mustapha Muhamedi, le droit additionnel ou la revalorisation des taxes sur les produits finis est une arme à double tranchant. « Il vous permet d'importer les produits Premium qu'on ne peut pas produire localement, mais il pose un véritable inconvénient, notamment en matière de prix, puisque les autorités algériennes parlent d'une hausse de la taxe de 100 à 200 %, ce qui impactera automatiquement les prix de vente et privera une grande partie des Algériens d'acquérir des produits Premium qui consomment moins d'énergie et sont hautement performant».

Un marché «imprévisible» mais un des plus «importants»

Ken Hong, sous-directeur de Business Support Office du groupe LG, a affirmé pour sa part que le marché algérien est un des plus importants mais « il est difficile et imprévisible, notamment en matière de taxes douanières et règles d'importation». Mais, il relativise en affirmant que ce genre de difficultés est aussi valable pour toute la région du nord de l'Afrique et de Moyen-Orient. Et d'affirmer que pour « investir, il faut d'abord avoir une prévisibilité et stabilité du marché et de stabilité fiscale ». Mais, précise-t-il, cela ne veut pas dire qu'on va laisser tomber ces marchés. Le vice-président, responsable de la division commerciale et marketing de la région Mena à LG Electronics, a soulevé à son tour les restrictions à l'importation et les tarifs douaniers qui entravent l'introduction des produits haut de gamme du groupe LG, conçus pourtant pour économiser à hauteur de 70 % l'énergie et faciliter la vie des ménages, en connectant tous les appareils électroménagers entre eux. Tout en précisant que LG Electronics respectera les règles économiques de l'Algérie, le vice-président a précisé que son entreprise « arrivera à s'adapter » et jouera un grand rôle dans l'introduction des produits dits intelligents dans la région.