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Cancer du sein: Le dépistage fait son chemin

par A. Mallem

  L'opération de sensibilisation et de dépistage du cancer du sein « Octobre Rose » a été clôturée, hier, dans la wilaya de Constantine après un mois d'activité soutenue. Et c'est l'heure des bilans qui ont été présentés, hier matin, par l'établissement public de santé de proximité (EPSP) Mentouri de Daksi à la salle de l'université des sciences islamiques. Dans ce cadre, le ton a été donné par le Dr. Lakehal Abdelhak, du service d'épidémiologie et de médecine prévenive du CHU de Constantine et coordinateur du registre du cancer de la wilaya, qui a indiqué que 360 nouveaux cas du cancer du sein chez les femmes ont été enregistrés à Constantine durant l'année 2017.

Et, selon lui, ce nombre représente 45,6 % de l'ensemble des cancers de la femme. Par ces chiffres, Constantine occupe la première place dans la région Est et Sud-Est du pays avec 67, 6 % de cas, suivie de Sétif avec 63,7 %. L'âge médian des femmes touchées se situe à 50 ans et demi. Le minima est à 26 ans et le maxima à 94 ans. Pour le taux d'incidence en 2017, le Dr. Lakehal l'a évalué à 70,8 nouveaux cas chez les femmes parmi une population de 100.000 et 1,9 cas chez les hommes pour la même population. Osant une comparaison avec les autres pays du monde, il a indiqué que, du moins dans le réseau Est et Sud-Est, l'Algérie vient en tête des pays arabes avec 56,6%, suivie de l'Egypte avec 49,5%. Et dans le monde, le Danemark vient largement en tête avec 101,3 % et les USA avec 83,8%.

Le Dr. Mansouri Farida, présidente de la cellule de communication et d'information médicale de l'EPSP, une cellule qui a vu le jour le 1er octobre dernier et reste l'unique à ce niveau en Algérie, a avancé une conclusion disant qu'en ce mois de dépistage du cancer du sein, « nous avons eu beaucoup d'échos de femmes qui ignoraient pratiquement ce que c'est qu'un dépistage précoce et ce, malgré le tapage médiatique fait autour de cette question. Aussi, ajoute cette praticienne, je peux dire que je suis contente du travail fait parce que beaucoup de femmes qui m'ont écoutée sont allées immédiatement se faire dépister. Il y a eu les femmes de la Sûreté nationale, les jeunes filles de l'université, y compris de l'université islamique, etc. Depuis le mois d'octobre passé, et rien qu'au niveau de l'EPSP, nous avons reçu plus de 427 femmes venues pour le dépistage. Certes, avoue-t-elle, ce ne sont pas des chiffres astronomiques, mais pour un début c'est encourageant.

Nous avons constaté qu'auparavant la femme avait le dos tourné au dépistage, maintenant elle commence à y faire face en tentant de briser le mur du silence, des tabous ». Pour notre interlocutrice, il faut absolument poursuivre la sensibilisation durant toute l'année. « Nous avons mis en place un registre spécial de dépistage du sein au niveau de l'EPSP. Cela n'existait pas auparavant. Et quotidiennement, nos médecins qui font la consultation générale en profitent pour poser la question aux femmes, leur demandant si elles ont essayé de se faire dépister pour le cancer du sein.

Quant à M. Oualbani Rabi, directeur de l'EPSP Mentouri, il dira qu'il reste encore beaucoup de travail à faire, au niveau de la sensibilisation surtout, « parce que nous avons remarqué que beaucoup de femmes hésitent à venir voir le médecin à cause d'une certaine pudeur et des tabous. Et il faut briser les tabous ».