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Aïn Temouchent: Menaces sur les champs agricoles

par Saïd Mouas

A l'heure où le secteur de l'agriculture connaît une certaine embellie, des facteurs exogènes malheureux semblent remettre en cause les efforts d'une partie des fellahs, en butte aux menaces que représentent, selon les zones, les colonies de rats des champs, le mildiou et le sanglier.

Au cours de ces dernières semaines, les variations de température et les pluies ont favorisé l'apparition de phénomènes dont l'impact est fortement craint par les agriculteurs, telle que la prolifération du campagnol ou rat des champs qui est en train de sévir dans plusieurs communes, particulièrement du côté de Hassasna où il a occasionné de sérieux dégâts aux cultures. Cet animal, dit également mulot, a la réputation de s'attaquer au collet et aux racines de carottes, navets, oignons, pomme de terre et arbres fruitiers. C'est un végétarien capable de grignoter chaque jour l'équivalent de son poids. Dès l'âge de deux mois, le campagnol peut donner naissance jusqu'à six portées par an de 02 à 08 petits. C'est dire le potentiel de reproduction qu'il renferme et qui complique davantage son élimination par divers procédés allant du simple piège à rat aux appâts empoisonnés. Seulement, dans ce dernier cas, les spécialistes recommandent la prudence pour éviter de contaminer la flore ou d'autres animaux domestiques comme les chiens et moutons. Le produit algérien «Bit- bair» fabriqué à base de gypse naturel, mis sur le marché en 2003 et destiné à éradiquer le rat des champs, a l'avantage de ne pas constituer un danger pour l'environnement.

Le mildiou, pour sa part, est un champignon ravageur qui a été signalé dans les plantations de pommes de terre des localités de Béni-Saf, Oulhaça, Terga, Ain Kihal, Sidi Ben Adda et Chaabat El Leham. Ce sont la pluie et les vents qui ont permis au mildiou de propager ses germes à grande vitesse et de menacer de grandes superficies de patates sensibles à la maladie, notamment en période non saisonnière. Le recours aux produits à grandes doses est contre-indiqué pour protéger le tubercule et également le consommateur. La parade consiste à réagir dans l'immédiat en utilisant un fongicide classique, officiellement recommandé par les services agricoles dès l'apparition des premiers signes de la maladie cryptogamique. La gravité du mildiou de la pomme de terre hors saison est fonction des conditions climatiques dans lesquelles s'opère son développement.

S'agissant du sanglier, ses zones de prédilection se situent dans les forêts et aires boisées de Oulhaça, Tadmait ou Sassel. C'est un redoutable prédateur omnivore qui peut peser jusqu'à 200 kg. Le Hallouf ou Boutagant est connu pour ses capacités de nuisance. Avec son long groin et ses pattes, il retourne pierres et terre à la recherche de nourriture et de fraîcheur auprès des points d'eau. Rien n'échappe à son flair. Vorace, il s'en prend aux racines d'arbres, fruits sauvages, animaux? Le sanglier a plutôt des mœurs nocturnes et chasse soit seul, soit en compagnie. Il est difficile d'en déterminer le nombre mais il est sûr qu'après la décennie noire et en l'absence de battues ou de braconnage, l'espèce a dû se démultiplier et vieillir. Peu de moyens existe pour s'en prémunir sauf peut-être quelques astuces pour les éloigner des cultures, des pratiques que connaissent les fellahs chevronnés. Les associations de chasseurs pourraient également, dans le cadre de battues administratives, combattre le fléau et contribuer à réduire les bandes de sangliers. En tout état de cause, ce genre de calamités porte préjudice aux performances agricoles. Dans certains pays, elles sont prises en charge par les assurances.