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Tentative de saisie de deux ouvrages: Un éditeur dénonce une censure au Sila

par Moncef Wafi

Les Editions ?Koukou' ont dénoncé, mercredi dernier, une tentative de saisie de deux ouvrages «pourtant légalement édités en Algérie», présents au Salon international du Livre d'Alger (SILA) comme le rapporte le communiqué de la maison d'édition signé par son directeur Arezki Aït-Larbi.

«Mardi 30 octobre, vers 18h, cinq individus en costard se disant ?membres de la Commission de lecture du ministère de la Culture' se sont présentés au stand de ?Koukou Editions', au SILA (pavillon central, stand n°D 31) », indique le document qui précise que l'intrusion de ces personnes est expliquée par un prétendu « problème de coordination entre le Commissariat du SILA et le ministère de la Culture ». Les deux livres sont ?Les derniers jours de Muhammad, enquête sur la mort mystérieuse du Prophète', de l'universitaire tunisienne Hela Ouardi, paru aux Edition Albin Michel, en 2016 et dont les droits ont été rachetés par les ?Editions Koukou' et ?Démoctature, des événements d'octobre 88 au 4ème mandat', en arabe, de l'avocat Mokrane Aït-Larbi. La même source ajoute qu'il leur a été « opposé un refus catégorique» de leur délivrer les titres en question, sans une décision émanant d'un magistrat après avoir rappelé « aux préposés à la censure que l'interdiction éventuelle d'un livre relevait de la seule compétence du pouvoir judiciaire ». Le communiqué évoque l'article 44 de la Constitution qui stipule que « (?) La mise sous séquestre de toute publication, enregistrement ou tout autre moyen de communication et d'information ne pourra se faire qu'en vertu d'un mandat judiciaire. Les libertés académiques et la liberté de recherche scientifique sont garanties ». Arezki Aït-Larbi dénonce ce qu'il considère comme une tentative de censure qui est en soi une « violation de la Loi fondamentale », au-delà du nécessaire débat qu'appellent les livres « litigieux ». Le communiqué de ?Koukou Editions' s'indigne de « l'arbitraire des bureaucrates qui tentent d'usurper les prérogatives du magistrat », indiquant que tous les moyens légaux seront actionnés « pour faire respecter nos droits d'éditeur et nos libertés de citoyen ». Contacté, hier, par ?Le Quotidien d'Oran', Arezki Aït-Larbi a annoncé que depuis cet incident le stand est calme et que les livres sont vendus normalement. Pour lui, l'incident est clos mais qu'« il faut attendre, dimanche, pour décider de la suite de l'histoire » puisque les membres de cette commission qualifiée par notre interlocuteur de « brejnévienne » ont promis de revenir, demain, avec une décision de justice. Le directeur des ?Editions Koukou' a réitéré sa volonté de ne pas céder « d'un pouce » en absence de la loi.

Pour rappel, son stand avait été pillé et vandalisé, le jour de l'inauguration du SILA 2017. Deux cartons contenant 80 exemples du livre de Ali Koudil, témoignage sur le procès CNAN et sa vie carcérale, y ont été dérobés. L'éditeur avait précisé qu'il s'agissait de la troisième fois consécutive que son stand se fasse « vandalisé » au SILA, mais c'est la première fois où il dépose plainte au Commissariat situé dans l'enceinte de la SAFEX.