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Lutte contre la migration clandestine: Paris offre son aide à Alger

par Moncef Wafi

L'Algérie et le Maroc sont «prêts à travailler avec nous», a déclaré le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb, en évoquant la question migratoire.

Dans une interview à l'hebdomadaire ?l'Express', le ministre français a indiqué que la France a jugé nécessaire d'aider les pays de transit, tels que l'Algérie et le Maroc, à empêcher les départs de migrants. Paris estime le rôle d'Alger et de Rabat primordial pour éviter les traversées des migrants et affirme vouloir les aider financièrement à sécuriser leurs frontières. Même si les chiffres actuels sont très loin des pics enregistrés, en 2015, la France redoute, toujours, le flux migratoire « préoccupant» arrivant en Espagne. Selon Collomb, on assiste « à une remontée ces derniers mois», notamment sur l'axe Maroc-Espagne où le flux est en hausse de 120%, avec 33.795 arrivants en 8 mois, a-t-il souligné. Les migrants arrivant par cette route « remontent directement vers la capitale (?) et aujourd'hui, la difficulté, c'est que 50% de la demande d'asile se concentre sur la plaque parisienne», a expliqué le ministre. Cette décision de venir en aide, aux deux pays, pour sécuriser leurs frontières, a pour but de rendre imperméable ces tracés frontaliers pour interdire aux migrants africains le passage sur le territoire de l'Algérie et du Maroc sinon les bloquer dans ces deux Etats. Cette aide est, également, rendue nécessaire par le refus d'Alger, malgré les fortes pressions européennes, l'installation de centres de rétention de migrants clandestins sur son territoire. «Il est exclu que l'Algérie ouvre une quelconque zone de rétention. Nous sommes déjà confrontés aux mêmes problèmes. Nous procédons à des reconductions, mais nous le faisons selon des arrangements que nous avons avec les pays voisins», avait précisé Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie algérienne avait déclaré que la lutte contre la migration clandestine doit se faire « dans le cadre des conventions des Nations unies, dans le cadre de l'arrangement avec les pays d'origine et les pays de transit».

Par ailleurs, et interrogé sur sa politique d'expulsion, Collomb a assuré qu'il n'avait « pas d'objectif chiffré» mais souhaitait «que ça augmente de mois en mois», se félicitant d'une hausse de 20% des retours cette année. Plus de 10.000 ressortissants algériens sont en situation irrégulière en France, dont 483 mineurs, selon les chiffres donnés par TSA. Toutes ces personnes font l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. La Ligue algérienne pour la défense des Droits de l'homme (Laddh), citant des avocats français, avait avancé le chiffre de près de 30.000 Algériens établis illégalement, sur le territoire français. « Nous avons appris de quelques avocats français que Paris tend à expulser 30.000 migrants clandestins algériens», avait indiqué la Laddh, dans un communiqué. « Le ministère des Affaires étrangères français avait abordé, avec les Autorités algériennes, la question d'expulsion d'Algériens vivant, illégalement, dans l'Hexagone», ajoute le même document. 925 Algériens ont été expulsés de France en 2016. Autour de 90.000 décisions d'expulsion sont prononcées, chaque année, par la justice et l'administration françaises. Seulement, 25% sont exécutées.

Pour rappel, Ouyahia a affirmé, lundi, que l'Algérie rapatriera tous ses ressortissants qui sont en situation irrégulière en Allemagne, quel que soit leur nombre, «tout en respectant un certain nombre de règles sur lesquelles on est, en parfait accord avec les Autorités allemandes», a déclaré M. Ouyahia, lors d'une conférence de presse conjointe avec la Chancelière de la République fédérale d'Allemagne, Mme Angela Merkel. Parmi ces règles, le Premier ministre a insisté sur l'identification de ces ressortissants pour s'assurer qu'il s'agit bien de citoyens algériens.