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Le FLN, l'UGTA et les autres

par Mahdi Boukhalfa

Comme sur du papier à musique, la partition d'un 5ème mandat du président Bouteflika est minutieusement préparée. Le chef de file de cette candidature est bien évidemment l'ex-parti unique qui se met volontairement dans la posture d'un booster pour une éventuelle candidature de M. Bouteflika à sa propre succession, pour la cinquième fois. Tous les ingrédients de cette stratégie, le FLN étant derrière les quatre précédentes candidatures, sont déjà mis en place. Il ne s'agit pour le SG du FLN, Djamel Ould Abbès, que de questions de réglages et de répartition des tâches. Avec le ralliement officiel de la centrale syndicale, ainsi que l'UNFA, les partisans d'un 5ème mandat se renforcent substantiellement.

Certes, le FLN brasse large au sein des organisations de masse, dont l'UGTA et l'UNFA, qui peuvent dans le cas d'une élection présidentielle serrée entre plusieurs candidats être décisives. Et la rencontre d'hier mardi entre les SG de l'UGTA et du FLN sonne comme un rappel au ralliement de tous ceux encore indécis ou qui attendent la dernière heure pour rejoindre le mouvement, ou plutôt le «front populaire» pour soutenir un nouveau mandat du président Bouteflika. Les intentions des uns et des autres se justifient notamment par rapport à l'agenda politique et économique du président, en plus de l'aspect sécuritaire avec le retour à la paix civile et la sécurité dans le pays. Les arguments des soutiens d'une 5ème mandature se tiennent, sont justifiés par rapport cependant à un contexte politique et sécuritaire aujourd'hui dépassé. Mais beaucoup au sein de l'opposition estiment qu'un 5ème mandat donnerait une mauvaise image du pays où l'alternance au pouvoir, la démocratie seraient les premières victimes d'un immobilisme politique aux multiples facettes.

Bien sûr, des discours comme celui du SG de l'UGTA, qui a affirmé devant les cadres syndicaux que «c'est grâce à la sagesse et à la gouvernance du président Bouteflika que l'Algérie a retrouvé sa stabilité», font mouche au sein de larges pans de la population algérienne. Les discours triomphalistes du SG du FLN trouvent également des échos favorables au fin fond de l'Algérie où sont arrivés le gaz et l'électricité, mais étonnent d'autres qui achètent deux à trois fois plus cher leur nourriture et terminent sur les genoux les fins de mois. Le 5ème mandat est donc bien enclenché, sur les rails, et que sont en train de piloter ses partisans, jusqu'à monopoliser l'actualité politique nationale. Et, devant l'absence sur ce terrain de l'opposition, les données de l'élection présidentielle de 2019 sont d'ores et déjà faussées et il ne serait pas étonnant que l'opposition ne présente aucun candidat.

Certes, nous n'en sommes pas encore là, mais à considérer les déclarations des uns et des autres au sein de l'opposition, il ne serait pas étonnant que le camp dit «démocrate» ne se présente pas à cette élection, estimant qu'elle sera «jouée d'avance». Le camp dit «islamiste» reste pour le moment réservé quant à la présentation d'un candidat et les positions pour le moment restent figées, dans l'attente d'une déclaration de candidature officielle du président Bouteflika.