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Merkel, aujourd'hui, à Alger: Les affaires et les migrants au menu

par Moncef Wafi

Merkel, aujourd'hui, à Alger, c'est l'occasion de revenir sur quelques chiffres symbolisant les relations économiques entre l'Algérie et l'Allemagne. Même si la balance commerciale est nettement en défaveur de l'Algérie (3,21 milliards de dollars d'importations contre moins de 100 millions de dollars d'exportations en 2017), ce sont, actuellement, plus de 200 entreprises allemandes activant dans différents secteurs qui sont implantées en Algérie alors qu'une commission économique mixte a été créée à la fin 2010. Plusieurs secteurs d'activité intéressent les Allemands dont les filières industrielles particulièrement l'industrie mécanique, la sous-traitance automobile, les énergies renouvelables, la chimie et l'industrie pharmaceutique. Dans la filière mécanique, les deux pays sont déjà liés par des partenariats tels ceux de la production en Algérie de véhicules de la marque Mercedes-Benz entre le groupe allemand Daimler (société mère de Mercedes-Benz), la Société nationale de véhicules industriels, le ministère de la Défense nationale et le groupe émirati Aabar. A cela, s'ajoute la société Sovac Algérie Production (SAP), produit d'un partenariat entre les groupes Volkswagen et Sovac pour l'assemblage et le montage de véhicules de cette marque allemande. D'un investissement de 20 milliards de dinars, l'usine SAP, installée à Relizane sur 150 hectares, est entrée en production en 2017 avec le montage de plusieurs modèles des trois marques Seat, Skoda et Volkswagen. Par ailleurs, et durant les cinq dernières années, une quinzaine de projets industriels d'un montant global de plus de 24 milliards de DA ont été concrétisés en Algérie avec des partenaires allemands. Il s'agit de projets portant essentiellement sur la fabrication de boîtes à vitesse, d'appareils de manutention, de matériaux de construction (plâtre et dérivés) et du gaz comprimé. L'Allemagne est également présente dans le secteur des hydrocarbures à travers la société DEA Deutsche Erdoel AG qui est partenaire avec Sonatrach dans un contrat pour la recherche, l'appréciation et l'exploitation des hydrocarbures sur le périmètre Reggane Nord. Dans les énergies renouvelables, l'Algérie souhaite la participation des entreprises allemandes aux appels d'offres relatifs à ce créneau, en insistant sur la nécessité de fabriquer localement les équipements, notamment les panneaux solaires, et la création de sociétés mixtes. On évoque un nouveau projet. Des hommes d'affaires allemands et l'une des plus grandes institutions énergétiques de Berlin proposent de nouveaux projets, avec quelques modifications, dans un nouveau format qui sera présenté lors du Business Council, prévu aujourd'hui.

Par ailleurs, la délégation allemande sera composée de sociétés exerçant dans les domaines de la pharmacie, de l'eau, de l'énergie, de l'ingénierie marine, de la construction, de la pétrochimie et de l'équipement médical. La visite de cette délégation a pour but de discuter des opportunités qu'offre l'Algérie pour établir un partenariat rentable et développer l'offre allemande dans les secteurs mentionnés. Des responsables allemands ont déjà ouvert le dossier du projet de production d'énergie solaire conçu par la société allemande Desertec, en affirmant que ce dernier n'a pas été gelé ou annulé, mais qu'il a été modifié et que les négociations étaient en cours.

L'autre aspect de la rencontre de la chancelière allemande avec les responsables algériens tournera autour de la question migratoire. Merkel cherchera certainement à avoir les mêmes résultats sur ce dossier que lors de sa visite en mars 2017 où elle avait obtenu un accord rendant plus facile et rapide l'expulsion des quelque 1500 Tunisiens, en situation irrégulière en Allemagne. La Tunisie s'est engagée à identifier dans «les trente jours» ses ressortissants en situation irrégulière et à leur délivrer en une semaine les documents de voyage nécessaires à leur rapatriement.