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Traitement de la leucémie chronique et aiguë: Don ou vente de sang, les parents des malades payent le prix

par M. Aziza

  Bien qu'en Algérie le sang est gratuit, les parents de personnes malades, notamment ceux atteints de leucémie aiguë, payent le prix de la transfusion sanguine, que ce soit pour un don ou pour «l'achat» du sang, si on ose dire, et ce en l'absence d'une banque de sang publique.

C'est d'ailleurs ce qui a été relevé par des chefs de service d'hématologie, lors d'une conférence de presse, organisée par les laboratoires Janssen, division pharmaceutique de Johnson and Johnson, avant-hier, à l'hôtel Sheraton. Des experts hématologues nationaux et internationaux ont été associés à cet évènement dans l'objectif de mettre l'accent sur la leucémie lymphoïde chronique, en partageant avec la communauté scientifique les dernières actualités diffusées lors de la tenue du congrès de l'association européenne d'hématologie(EHA). Et de vulgariser auprès du grand public le volet relatif aux aspects de prise en charge de la maladie, notamment les traitements innovants et les besoins médicaux non satisfaits.

Le professeur Aït Ali, chef de service hématologie au CHU de Tizi Ouzou, a affirmé que, contrairement à ce qu'on croit, les donneurs du sang ne se bousculent pas en Algérie. Et d'affirmer que le don de sang provient le plus souvent des prisons et de l'armée «parce que tout simplement, les militaires et les prisonniers sont dans l'obligation de donner leur sang en cas de besoin». Il souligne que pour le cas des patients atteints de leucémie aiguës, c'est généralement les parents du malade qui interviennent. Ils se débrouillent en collectant du sang apuré des proches, amis et voisins. Il a indiqué que pour une plaquette au profit d'un patient atteint d'une leucémie aiguë, il faut au moins 8 à 10 donneurs. Et de souligner que la famille du patient est souvent obligée de payer les frais de transport et de nourriture à une dizaine de personnes pour collecter le maximum de sang pour sauver leur proche. Et de préciser «on est toujours dans le cadre de la solidarité».

Le comble, selon le professeur Bekadja Amine, chef de service hématologie à l'EHU d'Oran, le cas où les parents payent eux-mêmes les donneurs pour avoir en contrepartie du sang en urgence. Car, dit-il, ce n'est pas du tout évident de trouver plusieurs donneurs en urgence, ce qui contraint certaines familles en détresse à rémunérer les donneurs, afin de les inciter à donner leur sang. Les hématologues exigent la création d'une banque de sang, justement pour éviter ce genre de situation pour les parents des malades et pour faciliter la tâche au personnel de la santé. Justement, pour ne pas tomber carrément dans «le business du sang», qui commence à prendre forme dans certains pays occidentaux et ailleurs.

Les hématologues se sont interrogés sur le rôle que doit jouer l'Agence nationale du sang, notamment sur la problématique de la disponibilité et de la gestion du sang.

Le professeur Bekadja Amine a évoqué le cas de la leucémie lymphoïde chronique (LLC), en affirmant qu'il est vrai qu'on a des molécules de chimiothérapie qui permettent des réponses à hauteur de 80%, mais il y a des formes qui sont réfractaires, pour lesquelles on doit se battre pour arriver à avoir les molécules innovantes. Il a affirmé que 240 cas de leucémie lymphoïde chronique sont recensés chaque année en Algérie.

En regrettant le fait que 50% des personnes qui se présentent aux services hématologie sont à un stade avancé de la maladie. Et d'expliquer que la LLC est un cancer du sang qui reste peu connu en Algérie par le grand public, en mettant l'accent sur la nécessité de la diagnostiquer précocement.

A noter que cette pathologie rare touche de façon préférentielle les personnes âgées. Plusieurs études internationales ont révélé que le pic de fréquence de cette maladie se situe à l'âge de 65 ans avec une prédominance chez l'homme qui est deux fois plus exposé que la femme.

Il peut exister une hérédité familiale et en dehors de quelques cas familiaux, on ne connaît pas de facteurs favorisant le déclenchement de cette maladie. Pour ce qui est de la fréquence de la LLC, elle est estimée à 30 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Celle-ci est rare avant 40 ans.

En ce qui concerne la leucémie aiguë, le chef de service d'hématologie de l'EHU d'Oran a affirmé qu'il s'agit d'un grand problème, dans la mesure où il y a des problèmes de structures, où certains services d'hématologie traitent les leucémies dans des chambres communes.

Ce qui est une aberration, selon le professeur. «Il est plus que nécessaire de traiter la leucémie dans des salles stérilisées, individuelles et protégées, parce qu'il y a beaucoup de risques d'infection».

Justement, les hématologues se battent pour la multiplication des structures d'hématologie qui sont insuffisantes même au centre du pays. Ils se battent aussi pour avoir des chambres individuelles pour les patients en hémato et pour développer l'autogreffe. Ils se battent pour assurer un traitement à la carte à leurs patients et pour l'enregistrement de molécules innovantes, notamment pour la LLC, des traitements qui donnent un espoir de guérison et une meilleure qualité de vie aux malades.