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Bedoui l'a réaffirmé: Pas de centres pour migrants en Algérie

par Yazid Alilat

Le ministre de l'Intérieur Nouredine Bédoui a réaffirmé, hier dimanche, que l'Algérie n'acceptera pas l'implantation sur son territoire de centres pour les migrants clandestins. Le ministre a rappelé, en marge des travaux de la 6ème session du Comité bilatéral frontalier (CBF) avec le Niger, que l'Algérie a déjà refusé d'ouvrir, sur son territoire, des centres pour les migrants clandestins refoulés de pays européens. «Je pense qu'on a été clair», a-t-il précisé, avant d'ajouter que la position algérienne «est connue car elle a été affichée par le ministre des Affaires étrangères». Expliquant que «nous prenons beaucoup de moyens et beaucoup de mesures, dans un cadre humanitaire conforme aux valeurs universelles et internationales», le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel avait souligné, en juin dernier, qu' «il est exclu que l'Algérie ouvre une quelconque zone de rétention». Le chef de la diplomatie algérienne avait expliqué, sur la crise migratoire en Europe, que l'Algérie est confrontée aux mêmes problèmes de l'Europe. «Nous procédons à des reconductions (aux frontières, Ndlr), mais nous le faisons selon des arrangements que nous avons avec les pays voisins», avait-t-il ajouté.

La réaction du ministre de l'Intérieur, sur cette question de l'ouverture de camps de rétention, «soufflée»' par le ministre italien de l'Intérieur, en juin dernier, devant l'afflux de migrants et pendant la crise de l' ?Aquarius', réaffirme la position officielle de l'Algérie, sur ce dossier.

M. Messahel, dans la même interview, accordée à une radio française, avait précisé que «lorsqu'il s'agit de la migration clandestine, il faut que les choses soient bien comprises : nous sommes confrontés aux mêmes problèmes», et «nous connaissons les mêmes phénomènes».

Pour le chef de la diplomatie algérienne, «nous devons lutter contre la migration clandestine, dans le cadre des conventions des Nations unies, dans le cadre de l'arrangement avec les pays d'origine et les pays de transit», précisant que «c'est ce que nous faisons, en tous les cas, en tant qu'Algérie». Par ailleurs, les travaux de la 6ème session du CBF, qui ont débuté dimanche, à Alger, ont permis, aux deux pays, de discuter de plusieurs dossiers relatifs, autant à la migration clandestine, la sécurisation des frontières communes, les échanges économiques que la lutte contre la criminalité internationale. Les travaux de la session, répartis en deux ateliers (groupe sécuritaire, groupe développement), ont, notamment, abordé «la sécurisation des zones frontalières», «le renforcement de la coopération sécuritaire entre les deux pays», «faciliter la circulation des personnes et des biens, dans un cadre légal», «la lutte contre la criminalité, sous toutes ses formes», et la «prévention de l'immigration clandestine». Les participants à cette session, dont les walis de Tamanrasset et Adrar, avec leurs homologues, les gouverneurs d'Agadez et de Tahoua, ont été scindés en deux groupes selon les thématiques: sécurité et développement. Le CBF algero-nigérien a connu l'organisation de cinq sessions alternativement en Algérie et au Niger, depuis sa création au mois d'octobre 1997, et dont la dernière session s'est tenue à Niamey, les 30 et 31 juillet 2015.

Outre les missions relatives au développement socio-économique, dans les régions frontalières et le renforcement des capacités humaines, le Comité bilatéral frontalier algero-nigérien a discuté, à Alger, des questions liées au volet sécuritaire et de la circulation des personnes. Dans son allocution, à l'ouverture des travaux de cette session, le ministre nigérien de l'Intérieur Mohamed Bazoum a déclaré que l'évaluation de la mise en oeuvre des recommandations de la 5ème session du CBF algéro-nigérien a permis de réaliser des «progrès substantiels», dans certains domaines de coopération, entre les deux pays. Il a, également, relevé qu'en matière de coopération économique, des progrès ont été enregistrés, dans plusieurs domaines, notamment le démarrage des travaux de construction de la voie Arli t- Assamaka (255 km), la tenue de la 68ème session du Comité de liaison de la route transsaharienne, le forage de 12 ouvrages hydrauliques et le «progrès significatif» dans la réalisation de la dorsale transsaharienne de la fibre optique, sur 205 km.

Sur le volet sécuritaire, la libre circulation des personnes et des affaires consulaires, M. Bazoum a exprimé sa «satisfaction» quant à la coopération entre les gendarmeries et les polices des deux pays, ajoutant que la coopération en matière d'entretien de bornes frontalières avait permis la réalisation, «avant délais», de 23 bornes de densification, une cartographie de la bande frontalière et la réhabilitation de 12 bornes existantes. Mais, «beaucoup reste à faire avec de nombreuses autres recommandations, insuffisamment, mises en oeuvre ou non exécutées», a-t-il regretté. Pour autant, l'Algérie a fort affaire avec les migrants clandestins nigériens, notamment, durant les reconduites aux frontières, devenues un sujet de prédilection des ONG et même de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui accusent les services de sécurité algériens de les abandonner en plein désert. Une question inscrite à l'agenda de cette session du CBF.