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Retour des harkis et pieds noirs en Algérie: Paris dément toute pression sur Alger

par Moncef Wafi

Dossier hautement sensible, la question des harkis s'est invitée dans l'actualité nationale suite à un communiqué de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) rendu public, mardi dernier, où il a réagi à des appels relayés médiatiquement, pour leur retour en Algérie.

L'affaire a pris de telles proportions, avalisant la thèse des pressions de Paris que la diplomatie française s'est crue obliger de répondre, 24 heures plus tard, pour dépassionner les débats.

L'ambassade de France à Alger a ainsi tenu à démentir l'existence de telles pressions pour imposer un retour des harkis en Algérie. «Il n'a jamais été question, contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, d'exercer quelque « pression » ou « chantage » que ce soit, sur les autorités algériennes». Selon le communiqué de l'ambassade, Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a évoqué, le 29 mai dernier, cette question, en réponse à une question écrite de Damien Adam, député de La République en marche. Le document précise, toutefois, que le retour des anciens harkis en Algérie n'était pas au « centre des discussions» avec Alger ni qu'il a été question d'une quelconque déclaration sur la volonté de la France de tout faire «pour préserver le droit des harkis à retourner dans leur pays». L'ambassade de France à Alger indique, également, que Le Drian a rappelé que «le gouvernement français était sensible à la détresse ressentie par les anciens harkis et leurs familles qui ont dû quitter la terre où ils sont nés et qui ne peuvent y revenir même pour leur dernier voyage». Il a réaffirmé la « mobilisation de longue date du gouvernement français pour permettre leur retour sur leur terre natale». Le ministre a rappelé la visite de Macron, à Alger, le 6 décembre dernier, où il avait marqué sa volonté de voir les deux pays œuvrer de concert pour «que les hommes et les femmes qui sont nés en Algérie et qui veulent pouvoir y revenir, quelle que soit leur histoire familiale et personnelle avec ce pays, puissent le faire».        

L'allusion était claire aux harkis. A ce propos, le communiqué de l'ambassade souligne que pour le gouvernement français, «il s'agit simplement de proposer un dialogue sur une question très sensible, rapportant la réponse de Le Drian qui rappelait «qu'il convenait de ne pas sous-estimer la sensibilité de ces questions dans l'opinion et pour les autorités», dans les deux pays.

Pour rappel, l'ONM s'est, clairement, positionnée concernant ce dossier affirmant qu'il « a été clos définitivement pour l'État algérien et, par conséquent, il ne fera, en aucun cas, l'objet de chantage. C'est une question qui concerne la France seule et n'a aucune relation avec notre État». Le communiqué de l'ONM a, également, déploré le fait que certains responsables d'institutions françaises officielles « sont toujours nostalgiques de « l'Algérie française » au point de revendiquer des droits illégitimes sur lesquels l'histoire à d'ores et déjà, tranché». En mars dernier, l'ancien Premier ministre français, Dominique De Villepin, avait appelé à la «réconciliation», entre les Algériens et les anciens harkis et pieds noirs, souhaitant rentrer en Algérie. L'ONM a aussi comparé les harkis à ceux qui sont appelés en France et en Europe, les «collaborateurs». Pour ce qui est de la restitution des biens au profit des pieds noirs, l'ONM a rappelé que les Algériens sont les propriétaires légitimes de ces biens, expliquant que l'Etat a promulgué des lois sur ces biens qui sont devenus la propriété des Algériens, dans le cadre des lois des «biens vacants». En mai dernier, le ministre des Moudjahidines avait affirmé que « le sujet des harkis n'a jamais été évoqué dans les négociations» entre Alger et Paris. Pour Zitouni «les harkis ont fait leur choix, ils se doivent de l'assumer et ne pas regretter», estimant, également, que les Algériens n'accepteront jamais qu'on permette le retour aux pays, à ces personnes.