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Merkel et l'Allemagne bêtes noires de D. Trump

par Kharroubi Habib

Tous les observateurs qui ont scruté le déroulement du sommet de l'OTAN qui s'est tenu mercredi et jeudi passés à Bruxelles ont souligné que Donald Trump s'en est pris de façon extrêmement plus virulente à l'Allemagne qu'aux autres pays membres de l'Alliance atlantique et cela en dépit pourtant que ce pays s'acquitte au sein de celle-ci de la plus forte contribution financière après celle des Etats-Unis.

Il est notoire qu'entre lui et la chancelière allemande Angela Merkel le courant ne passe pas mais ce n'est pas cette raison qui l'a incité à décocher à l'Allemagne ses plus acerbes critiques. Donald Trump est remonté contre elle et son pays au constat intolérable pour lui qui s'est fixé pour objectif d'inverser à l'avantage de l'Amérique sa balance commerciale avec les autres pays, que l'Allemagne est la puissance économique européenne avec laquelle cette balance commerciale est la plus fortement déséquilibrée au détriment de l'Amérique. Les griefs qu'il a formulés contre l'Allemagne dans le cadre de l'OTAN n'ont été que façon pour lui d'accentuer sur elle la pression qu'il exerce par ailleurs contre elle à travers la guerre économique qu'il fait aux pays qui concurrencent l'économie de l'Amérique.

A Bruxelles, il s'est déchaîné contre Merkel et l'Allemagne en leur faisant le reproche qu'il sait partagé par les pays membres de l'OTAN et de l'Union européenne ayant appartenu précédemment à l'ex-bloc socialiste sous la férule de la défunte Union soviétique : celui que l'Allemagne ne paie pas assez pour le fonctionnement de l'OTAN alors qu'elle finance inconsidérément la Russie en s'approvisionnant en gaz de ce pays. En sommant Berlin de revoir son partenariat dans ce domaine avec la Russie, Donald Trump ambitionne d'atteindre le but le plus à même de permettre à l'Amérique de mettre fin au déséquilibre à son détriment de la balance commerciale avec l'Allemagne qui est que celle-ci réoriente ses approvisionnements énergétiques au profit de son pays dont la production en la matière est en quête de débouchés toujours plus nombreux.

Cela explique que Trump a carrément demandé à l'Allemagne de renoncer au projet de construction d'un nouveau gazoduc en partenariat avec la Russie dont l'aboutissement ne cadre pas précisément avec l'ambition affichée par lui de la faire se tourner vers son pays pour ses approvisionnements énergétiques et dans la foulée les autres pays européens tributaires eux aussi de la fourniture russe. En attaquant sous cet angle la chancelière allemande et son pays, il a incontestablement amenuisé les chances de l'Allemagne d'espérer la solidarité européenne dans le bras de fer qu'a engagé avec elle Donald Trump. Tant il est vrai que nombreux sont les membres de cette Union à être braqués contre elle en lui faisant grief qu'adossée à sa puissance économique et financière, il imprime sans ménagement à leur ensemble régional des politiques qui desservent leurs intérêts nationaux respectifs.