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Communication: Les «fake news», le silence institutionnel et les élections

par M. Aziza

Tout en recommandant de miser sur le rôle de la presse pour faire face aux fausses informations relayées sur les réseaux sociaux, appelée communément «les fake news», le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, a préconisé l'ouverture des canaux de communication et la mise en place de cellules de veille.

Intervenant hier, lors de l'ouverture des travaux du séminaire de deux jours, sur «la communication sécuritaire», à l'Ecole supérieure de la police Ali Tounsi, à Alger, le chef de la police algérienne a plaidé pour plus d'ouverture en matière de communication institutionnelle. Il a précisé dans ce sens que le «silence n'a plus de place dans le temps actuel, car il laisse libre cours à toutes les formes de spéculations, qu'elles soient positives ou négatives».

Selon lui, «le combat se traduit en terme économique et se traduit sur le net pour faire face aux fake news». Et d'ajouter : «nous devons être très vigilants à l'endroit de ces menaces par la mise en place de cellules de veille et par la mise en place d'un contact permanent avec toutes les couches ou catégories sociales pour faire face à cette guerre d'informations».

Le DG de la police a affirmé que les jeunes, que ce soit dans le corps de la police ou dans d'autres institutions, peuvent relever le défi et contribuer un tant soit peu à contrecarrer les fake news qui constituent aujourd'hui une véritable menace sur la sécurité des Etats. Et de préciser que le président de la commission des experts, chargé de la lutte contre la cybercriminalité au niveau d'Interpol, est un jeune cadre de la police algérienne. Justement, les services de la police sont en train d'élaborer une plate-forme de signalisation contre les fausses informations, les attaques cybernétiques et toutes les formes de menaces sur le net, qui sera ouvert à tous les jeunes hackers qui veulent contribuer à la sécurité de leur pays.

Le Dr Mohamed Hadir, directeur des études au niveau de l'école nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI) a mis en garde les institutions de l'Etat et les services de sécurité contre les «fake news» qui ont été déjà relayées sur les réseaux sociaux, notamment sur facebook, lors des élections législatives du 4 mai 2017. Et d'affirmer que ces fake news qui se transmettent rapidement sur les réseaux sociaux, dont on ignore souvent la source, seront utilisées en force lors des prochaines élections. Sans citer spécialement les prochaines élections présidentielles de 2019. Car, précise-t-il, les fake news sont souvent diffusées dans des situations de crise et lors de rendez-vous électoraux. Il a cité à titre d'exemple, les fausses informations qui se sont invitées dans les présidentielles américaines où elles ont entaché le déroulement de la campagne présidentielle en pesant sur l'élection de Donald Trump. Il a affirmé que même la chancelière allemande Angela Merkel a fait l'objet d'informations négatives et trompeuses sur sa personne lors de sa réélection.

Le Dr Hadir a reconnu qu'il est difficile de faire barrage aux informations manipulées ou erronées sur le web, parce qu'elles sont diffusées dans un laps de temps court qui ne dépasse pas les 10 heures, alors que les informations classiques sont partagées après 60 heures. Et de souligner que le système de partage sur les réseaux sociaux affaiblit les mécanismes de dissuasion. Pour lui, il faut renforcer le rôle des chargés de la communication dans toutes les institutions, il faut également permettre l'accès à l'information et surtout sensibiliser la population sur leur façon de consommer «les informations». Il a cité à ce titre l'association des consommateurs des informations qui a été créée au Canada.

Le directeur général de la DGSN, Abdelghani Hamel a salué les efforts de la presse, l'appelant à redoubler d'efforts pour une information fiable et crédible, afin de lutter contre les fake news et la presse parallèle.