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Le pétrole, toujours

par Mahdi Boukhalfa

Le besoin pressant et constant de l'amélioration des grands indicateurs macroéconomiques, avec au-devant des priorités des recettes pétrolières plus importantes et de nature à «sauver» l'économie nationale de l'iceberg, est-il en train de prendre forme avec cette soudaine fièvre sur les marchés pétroliers ? A l'évidence, les Etats-Unis, sous le règne de Donald Trump, sont en train de porter les cours de l'or noir à des niveaux jamais atteints depuis 2014. Une situation que devrait exploiter le gouvernement Ouyahia pour d'abord revoir sa politique économique à court terme et, surtout, atténuer une intolérable pression fiscale au moment où non seulement l'emploi est bloqué dans la fonction publique, mais également dans le secteur économique productif.

 En d'autres termes, l'économie nationale, à cause de la baisse des recettes pétrolières et le recours au financement non conventionnel, ne crée plus d'emplois, fait peur aux investisseurs, encourage l'inflation et réduit les salaires. En bout de ligne, il y a la crise multiforme que brandit à tout bout de champ le chef de l'exécutif pour justifier un correctif budgétaire, qui devrait être prochainement discuté en Conseil des ministres, absolument inhumain. Or, l'actualité internationale, et plus particulièrement sur le front des marchés, est plutôt favorable pour l'Algérie avec cette reprise formidable des cours de l'or noir qui ont atteint hier les 79,36 dollars/baril sur les marchés asiatiques. En plein stress financier, l'Algérie ne devrait pas laisser l'occasion partir en fumée pour améliorer autant ses recettes pétrolières que d'ouvrir de nouveaux chantiers pour sortir progressivement de la dépendance des hydrocarbures.

 Mais, pour l'heure, il ne faut surtout pas bouder son bonheur de voir les cours de pétrole monter inexorablement vers des seuils jamais atteints depuis juin 2014. Pour cela, il faudrait croire que le bellicisme de Donald Trump est en train de faire monter la pression sur les salles de marchés, inquiètes de la tournure que vont prendre les événements avec ces nouvelles sanctions financières, en plus de la menace d'un embargo pétrolier, contre le Venezuela. Il faudrait, même s'il faut mettre un mouchoir, rendre hommage à cette politique absurde et dangereuse de Trump qui ressuscite l'impérialisme des années 1970-1980 qui avait fait des Etats-Unis la principale source et l'instigateur de l'instabilité politique dans le monde. En particulier dans les Etats pétroliers.

 La hausse des cours du brut qui ne semble pas pour le moment susciter outre mesure l'intérêt du gouvernement Ouyahia, qui persiste à martyriser les contribuables avec des taxes foudroyantes, profite cependant à celui qui est en train de les porter à des niveaux très rémunérateurs pour les producteurs américains de pétrole de schiste, Donald Trump. Car en menaçant le Venezuela qui exporte vers les Etats-Unis un quart de sa production pétrolière, Trump, favorable au pétrole de schiste, est en train de redynamiser le marché pétrolier où les producteurs américains sont en train de se placer comme les futurs dominateurs du marché. C'est surtout à cette politique agressive, et ses effets géopolitiques sur des régions du monde très sensibles, des Etats-Unis contre l'Iran et le petit Venezuela que les cours de l'or noir sont en train de retrouver les niveaux abandonnés des années 2010. C'est toute la finesse de la politique étrangère musclée du locataire de la Maison Blanche, «America first». Tout le problème est que dans notre cas, le gouvernement Ouyahia doit saisir cette occasion, sans lire dans le marc à café, pour équilibrer autrement son budget et parer aux déficits.