Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Incongruité

par Moncef Wafi

Alors que le pays vit l'une de ses crises socio-économiques les plus sévères dont les répercussions ne se sont pas encore fait ressentir pleinement, les députés reviennent à la charge pour demander une augmentation de leur salaire et d'autres avantages à l'image du passeport diplomatique.

Les locataires de la première chambre exigent également de ne pas être comptables de leurs absences répétées alors que, théoriquement, ils sont censés être payés pour représenter le petit peuple. Si dans d'autres pays du monde, députés et ministres ont décidé de revoir leurs émoluments à la baisse, chez nous c'est tout l'inverse qui se passe. Si ailleurs, alors que le parlement joue pleinement son rôle de contre-pouvoir, on réfléchit à amortir les effets de la crise pour épargner les petites bourses, en Algérie, on s'ingénie à sucer la moelle du peuple jusqu'au dernier centime avec la bénédiction de parlementaires élus par un tour de passe-passe électoral. Une énième provocation pour les Algériens qui ont pris connaissance des dernières taxes que le gouvernement propose et qui seront, à n'en pas douter, adoubées docilement par des élus en mal de légitimité.

De cette inutilité des deux chambres, véritables caisse de résonance des décisions du pouvoir en place, à ces prétentions salariales et ces avantages incongrus, il y a un pas que la décence même interdit. Dans ces périodes troubles, le moins que puissent faire ces députés, à défaut de représenter dignement les citoyens, c'est de faire profil bas et de se contenter de lever le bras en signe de reconnaissance pour ceux qui les ont placés là-bas.

Ces revendications princières ne sont pas nouvelles et reviennent cycliquement comme pour éprouver l'Etat. Une forme de chantage si ça se trouve pour monnayer leur obéissance. Cette fatuité parlementaire n'a d'égal que le niveau d'instruction de beaucoup de députés et de la légèreté de leurs demandes à propos de la qualité des repas et du service dans le restaurant et le club du parlement. Rien que ça ! Alors que de plus en plus d'Algériens ont recours à la mendicité pour survivre.

Cette virulence, jamais égalée dans la défense d'un texte, aurait été la bienvenue si elle concernait la loi de finances 2018 ou celle complémentaire qui va bientôt arriver, mais parions que le moment venu, on n'entendra que des voix aphones et on ne verra que les bras de la soumission levés dans le ciel de la République.