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Produits de large consommation: Spéculation et consommation effrénée boostent les prix

par Tahar Mansour

Le mois de Ramadhan est perçu chez nous, depuis de longues années déjà, comme une période de surconsommation et de dépenses inconsidérées qui grèvent, dangereusement, les budgets des familles aux revenus moyens.

Cette année ne fait pas exception et, peut-être, hormis la pomme de terre dont la demande n'est pas plus grande qu'avant, tous les produits de large consommation ont connu des hausses importantes, deux ou trois jours, avant le Ramadhan, particulièrement la tomate qui est passée de 80 à 140 et 160 DA le kilo (pratiquement le double de son prix), la courgette qui est cédée entre 120 et 140 DA contre 50 DA, il y a deux semaines, la salade laitue qui atteint les 120 DA. Quant aux autres légumes, ils ont connu des augmentations moindres, allant de 10 à 30 DA par kilo, ce qui est, quand même, beaucoup et engendre des gains énormes pour les spéculateurs qui attendent le mois sacré pour saigner leurs concitoyens. Les fruits sont, aussi, atteints de cette folie de consommation mais le choix n'est pas encore large puisqu'il n'y a, actuellement, que des oranges en fin de saison et de qualité moyenne vendues à 120 et 150 DA, alors que celles de première qualité atteignent les 250 et 300 DA le kilo, des fraises cédées entre 200 et 250 DA, le kilo mais pas toujours fraîches et la pastèque qui coûte encore trop chère entre 85 et 100 DA le kilo, soit à près de 1.000 DA un fruit de 10 kg, les plus petits sont, pratiquement, indigestes.

Les viandes rouges et blanches, très demandées durant le Ramadhan ont, aussi, connu des hausses, mais beaucoup plus importantes pour les viandes blanches qui atteignent les 350 DA le kilo de poulet plein et jusqu'à 400 DA celui vidé. Quant aux viandes rouges, les augmentations ne sont pas aussi sensibles surtout avec l'ouverture de nouvelles boucheries proposant des prix étudiés mais avec une qualité qui laisse à désirer, ce qui ne rebute, nullement, les pères de familles qui y trouvent leur compte : « c'est toujours de la viande et les enfants ne voient aucune différence », nous a affirmé un client dans une boucherie qui venait d'acheter un kilo de viande de mouton à 1100 DA.

La consommation effrénée touche aussi d'autres produits tels que les gâteaux (kalbelouze, zalabia, tartes diverses, ktaïefs, etc?) qui ont, aussi, vu leurs prix augmenter pour atteindre les 40 à 60 DA, l'unité et plus avec une farce d'amande ou de noix. Les limonades, les flans, les fruits secs connaissent aussi un engouement certain de la part des Algériens, durant le mois sacré et les commerçants (et même les producteurs) profitent de cette demande supplémentaire pour augmenter les prix. Les fruits secs, essentiellement importés, ont connu des augmentations très importante de leurs prix à 850 et 900 DA pour les pruneaux (350 DA il y a une année), les raisins secs qui coûtent entre 1.200 et 1.700 DA selon la qualité (entre 300 et 500 DA avant) et les autres fruits secs à l'avenant.

Même dans les marchés spécialement ouverts pour le Ramadhan, dans le but de casser les prix, il n'y a pas de grandes différences, avec à peine 10 à 15 DA de moins mais qui n'ont pas ouvert partout, ce qui limite leur action.

En visite à la wilaya de Blida, le 1er jour du Ramadhan, le ministre du Commerce, M. Said Djellab, a affirmé que les prix vont connaître un recul, après les 3 ou 4premiers jours, à cause d'une offre très importante qu'il a constatée au marché de gros de Boufarik. Dans le même contexte, il a appelé les citoyens à rationaliser leurs consommations et de ne point acheter les produits qui connaissent des augmentations de prix trop grandes. Le même ministre a affirmé, à Alger, que les prix des produits alimentaires et des fruits et légumes étaient réduits de 20 à 30 %, sur les marchés de proximité, par rapport aux marchés traditionnels, prévoyant une poursuite de la baisse des prix, dans les 3 premiers jours du mois sacré.

En marge de l'inauguration du marché de solidarité de proximité, au siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), en compagnie du ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Said, du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh et du président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, M. Djellab a assuré la disponibilité des produits alimentaires à des prix abordables, avec une baisse de 20 à 30 % par rapport aux marchés traditionnels, indique l'APS. Pour sa part, le ministre de l'Agriculture, en visitant le pavillon des produits laitiers, a affirmé qu'il n'y aura pas une pénurie de lait durant le mois sacré. Le gouvernement avait décidé d'augmenter les capacités de production du lait de 50 millions litres, à l'échelle nationale, durant le Ramadhan. Le ministre a rappelé que son département a élaboré une feuille de route du produit pour répondre aux besoins des citoyens, en insistant sur les facteurs de production et de distribution (la traçabilité).