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Le vice-président du CNES: Le paradoxe du carburant importé

par Moncef Wafi

L'Algérie importe plus de 2 milliards de dollars en carburants par an, a déclaré Mustapha Mekideche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), au micro de la Radio algérienne, précisant que «c'est l'équivalent de nos exportations en hors hydrocarbures».

Une facture au-delà de celle annoncée par le Premier ministre qui avait indiqué que le pays dépense, annuellement, un milliard de dollars pour importer du carburant. Ouyahia avait expliqué cette situation par le manque de raffineries, estimant toutefois que «l'entrée en activité prochaine des projets de raffineries, permettra de cesser les importations des carburants dans quelques années». Des propos rassurants mais qui, depuis des années, n'ont guère dépassé le stade des bonnes intentions, puisque déjà, en 2014, on avait annoncé, du côté de Sonatrach, que le pays cessera d'importer du gasoil, en 2015, grâce à la réhabilitation de ses raffineries qui fonctionneront, à plein régime, à partir de cette date. «Au premier semestre 2014, nous n'avons importé que 300.000 tonnes de gasoil. D'ici à la fin de l'année et à partir de 2015, les importations s'arrêteront avec le fonctionnement à plein régime des raffineries de Skikda et d'Arzew».

En 2012, Sonatrach a importé environ 2 millions de tonnes de gasoil et 500.000 tonnes d'essence alors qu'on a eu recours aux importations pour combler le déficit créé par les arrêts pour entretien et rénovation des raffineries d'Alger, Skikda et Arzew. La secrétaire générale du ministère algérien de l'Energie, Mme Fatma Zohra Cherfi, avait indiqué dernièrement, que 3 millions de tonnes de gasoil et essence sont importés par l'Algérie pour 1 milliard de dollars annuellement. A ce sujet, Ouyahia a expliqué que 11,5 millions de tonnes de carburants sont raffinées en Algérie, insuffisant tout de même, face à la demande actuelle estimée à 15 millions de tonnes. Rassurant, le Premier ministre a, de nouveau, souligné que l'entrée en activité prochaine de plusieurs raffineries, devra inverser la tendance. Il a, ainsi, évoqué la raffinerie d'Alger qui devrait être, théoriquement, livrée en décembre, alors que les travaux de réalisation de la raffinerie de Hassi Messaoud seront entamés, en janvier 2018. Il a, aussi, parlé de la raffinerie de Tiaret dont l'appel d'offres devrait être lancé «très bientôt (?) Une fois toutes ces réalisations finies, le pays deviendra exportateur de carburants», a-t-il tenu à rassurer.

Par ailleurs, et lors de son passage, hier, à l'émission «L'invité de la rédaction de la radio Chaîne 3», Mekideche appellera d'abord à «définir le contenu de la transition énergétique pour réaliser la sécurité énergétique du pays» qui, selon lui, doit s'appuyer sur trois piliers fondamentaux, pour être efficiente. L'économiste insistera, sur l'urgence, de renforcer la politique de rationalisation de la consommation énergétique locale en parallèle du renforcement des hydrocarbures non conventionnels et des énergies renouvelables. Selon les estimations de l'économiste, «les besoins énergétiques de Algérie seront de 2 tonnes équivalent en pétrole par habitant, en 2018», alors qu'ils étaient de 1,36 tonne, en 2014. Il citera, à titre illustratif de cette «consommation non rationnelle», le cas du bâti qui n'a toujours pas intégré la «sobriété énergétique».