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Dérapages, violences et mauvaises habitudes: Le football algérien malade de ses dirigeants

par Kamel Mohamed

Les derniers événements qui ont émaillé le football national sont une source d'inquiétude pour ce sport dont la mission devrait être d'unifier et semer la concorde chez les sportifs. Ce qui ne semble pas être le cas chez nous dans la mesure où le football est devenu source de haine et d'animosité. Le comportement des supporters dans les stades en est une preuve. Des joueurs, des dirigeants et des entraineurs sont la cible de ces supporters qui leur font entendre des vertes et des pas mûres. Des supporters agressifs et animés de haine qui ne lâchent personne. Si cela est devenu courant dans les matches de championnat, le phénomène touche à présent l'équipe nationale. Le gardien de but de l'équipe nationale, Fawzi Chaouchi, a été pris à partie par des supporters lors du match Algérie-Nigeria à Constantine. Chaouchi a été lourdement insulté par des supporters déchainés.

Le même phénomène s'est reproduit mardi dernier lors du match Algérie-République centrafricaine au 5-Juillet à Alger. Le buteur attitré de l'équipe nationale, Islam Slimani, avait entendu des méchancetés et des grossièretés qui l'ont terriblement affecté.      

A la fin de la rencontre, Slimani avait les larmes aux yeux et ne comprenait rien à ce comportement. Il en est de même pour le gardien de but Chamsedine Rahmani qui avait passé une sale soirée au 5-Juillet quand des supporters lui avaient manqué de respect en l'insultant au même titre d'ailleurs que Chaouchi et Slimani, en attendant malheureusement que d'autres joueurs soient pris à partie à l'occasion des prochains matches de l'équipe nationale. Des insanités qui ont tendance à se généraliser, quand on sait que des entraineurs et des présidents de club ont été pris à partie. Plus grave encore, ce phénomène touche l'équipe nationale puisque ce qui s'est passé à Constantine et au 5-Juillet n'est pas rassurant. Cela s'est aggravé avec l'incident qui s'est produit en pleine conférence de presse entre le sélectionneur national Rabah Madjer et le journaliste de la chaîne 3 de la radio nationale, Maâmar Djebbour. La réaction de Madjer qui a été filmée sous tous les angles, fait malheureusement le buzz sur la Toile et est diffusée sur toutes les chaînes de télévision à travers le monde. Madjer étant connu pour sa talonnade avec Porto contre le Bayern Munich en finale de la Coupe des champions d'Europe des clubs en 1987, l'image le montrant en colère continue de susciter des commentaires sur des plateaux de télévision, notamment dans les pays dont des techniciens ont exercé ou exercent encore en Algérie. C'est dire qu'une mauvaise image du pays et du football algérien est véhiculée à travers ce comportement. En somme, la violence verbale qui sévit sur les gradins semble atteindre d'autres espaces, à l'exemple de l'altercation entre Madjer et le journaliste de la chaîne 3, sans parler des insultes et des propos diffamatoires qui sont banalisés sur les plateaux d'émissions sportives des chaînes de télévision privées. Il faut relever aussi que cette violence est le fruit ou la conséquence d'un nouveau «type» de dirigeants du football algérien. Alors que par le passé ces dirigeants étaient de véritables éducateurs, ces derniers ne donnent plus le bon exemple et ne sont plus respectés par les joueurs et les supporters. Cette nouvelle génération de dirigeants est née après 1989 avec le désengagement des entreprises nationales des clubs pour céder la place à des dirigeants et des présidents de club à l'esprit mercantile. Des dirigeants prêts à brûler le club et à sacrifier les joueurs pour de l'argent. Cette mentalité a progressivement influé sur le comportement des joueurs et des supporters. Ainsi, en l'absence des éducateurs dans le milieu sportif, c'est les mauvaises habitudes qui ont pris le dessus pour déboucher sur une animosité qui fait peur.