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Agriculture: Bedoui appelle à l'organisation de la profession

par G. O.

Le ministre de l'Intérieur a appelé les autorités locales de la wilaya de Souk-Ahras à mettre en place une stratégie pour organiser les filières agricoles.

L'appel vaut pour l'ensemble du territoire national. Bedoui a profité de sa visite à Souk-Ahras pour le lancer jeudi dernier à partir d'une ferme agricole où étaient exposés des produits du terroir. «Les horizons agricoles de la wilaya sont prometteurs, elle a des potentialités colossales mais la profession n'est pas organisée, on ne peut continuer à compter sur les pluies pour produire, c'est une question d'organisation», a-t-il fait remarquer. «Le centre est à votre disposition», dit-il aux jeunes agriculteurs qui lui présentaient qui du miel, qui du poisson d'eau douce, ou des farines(?). Il parlait du centre professionnel qu'il venait de visiter dans la commune de Sedrata et où sont assurées des formations dans les activités agricoles, le bâtiment(?). Il affirme au passage, que «80% des diplômés des centres de formation professionnelle sont recrutés de facto»

Le ministre note que Souk-Ahras est le bassin laitier numéro 1 du pays, un potentiel de l'élevage, de céréales, et de la transformation de la figue Barbarie «sans compter les possibilités de culture du safran» Mais, dit-il, «aucune stratégie ne peut être construite si on ne se mobilise pas, c'est sous votre responsabilité que ça doit se faire ; ceux qui sont dans les montagnes attendent que vous venez chez eux pour les associer», lance-t-il au président de la chambre d'agriculture de la wilaya. Il rappelle que «ça fait trois ans qu'on parle de crise financière, pourtant on a des richesses, c'est une question d'hommes, une volonté dispersée ne réussit pas ! On ne doit pas attendre encore 30 ans pour bouger». Il l'interpellera encore : «Je ne comprends pas comment à Souk-Ahras, une wilaya qui produit 6 à 7 millions de litres par an, il y a une seule laiterie et qu'on ne puisse pas avoir à Souk-Ahras deux ou trois complexes laitiers ?!? L'Etat ne soutient pas le lait pour qu'il aille à la transformation en yaourt et en fromage !» Le ministre affirme alors : «Je sais qu'il y a une volonté délibérée de certaines parties pour ne pas ouvrir le secteur pour investir dans les complexes laitiers, on sait où va le lait et qui l'utilise et pour quoi ; ne me poussez pas plus loin! » Il souligne sur un ton sec «le lait que vous produisez est subventionné par l'Etat, on sait que 80% de la production nationale va à la transformation alors que le lait subventionné doit aller à la consommation du citoyen, ce sont des vérités, il faut avoir le courage de les dire, qu'on prenne nos responsabilités et qu'on prenne des décisions, il ne faut plus donner l'occasion à ceux qui dilapident l'argent de l'Etat». Il en appelle aux investisseurs pour leur faire savoir que «l'investissement dans les laiteries est ouvert, avec toutes les facilités ; l'acte de concession se fait dans le bureau du wali, plus de bureaucratie ; tout responsable local sera comptable de l'investissement et du nombre d'emplois crées, celui qui veut investir dans autre chose que le lait le fait sur fonds propres ou avec ces crédits mais pas avec une production subventionnée !» Un éleveur l'informe sur son ouverture d'un centre d'insémination artificielle pour génisses. «On importe des vaches laitières à 35 millions de l'étranger alors qu'on peut faire de l'insémination artificielle et les avoir localement à 24 millions et moins, si on multiplie ce genre de centres à travers le pays, on arrêtera l'importation de génisses dans 2 ou 3 ans», explique-t-il au ministre. «On a été aidé dans le cadre du PNDA (programme national de développement agricole ndlr), on n'a pas besoin de soutiens financiers, juste de l'encouragement et moins de bureaucratie», assure l'agriculteur.

A son passage dans le stand du miel naturel, il lancera aussi «c'est le manque d'organisation qui fait que les gens ne pensent pas à la labellisation et à la certification du produit». L'apiculteur lui fait savoir que «on n'a pas pu avoir de certification bio de notre produit parce que les laboratoires sont inexistants, on ne peut donc pas vendre à l'international, d'autres ont une grande quantité d'huile de figues Barbarie qu'on n'arrive pas à vendre. La discussion aboutit à «c'est la chambre qui doit élaborer un canevas pour un certificat national, le pays regorge de produits du terroir ; si on veut développer la profession, on doit revenir au système des coopératives, comme ça on a la traçabilité du produit».