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Des cotisations en moins pour la CNAS: Plus de 3 millions de retraités en 2017

par Yazid Alilat

«Il n'y aura pas de remise en cause du système de sécurité sociale» en Algérie. C'est ce qu'a affirmé hier mardi M. Djaouad Bourkaib, directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail. Visiblement préoccupé par les déficits des caisses de sécurité sociale, en particulier après les départs en retraite proportionnelle à la fin de 2016 sur le sillage de la nouvelle loi, M. Bourkaib a cependant rassuré que le système de la sécurité sociale, dont la prise en charge des nouveaux retraités, n'est pas menacé par la situation financière actuelle difficile des caisses de sécurité sociale. «Il n'y aura pas de remise en cause du système de sécurité sociale à travers la recherche des équilibres financiers de la CNAS», a-t-il indiqué dans une déclaration à la radio nationale.

Pour illustrer les difficultés financières des caisses de sécurité sociale, il a souligné que «nous avons plus de 1409 DCI (dénomination commune internationale), soit 4300 marques de médicaments remboursables, l'équivalent de 200 milliards de dinars de remboursements par an». Avec «36 millions de bénéficiaires de la carte Chifa, il s'agit donc de rationnaliser, et non pas rationner, les dépenses», explique t-il, avant de souligner qu»'il faut éviter les dépenses inutiles et le gaspillage de médicaments». La priorité pour M. Bourkaib va à la recherche des équilibres financiers de la CNAS, qui va gérer l'arrivée de trois millions de nouveaux retraités. Le volet retraite est le plus compliqué à gérer, selon M. Bourkaib, au vu du nombre des nouveaux arrivés que vont gérer la CNR et la CNAS.

«Nous avons beaucoup de travail à faire pour l'équilibre des finances de la sécurité sociale, et notamment les équilibres financiers de la branche retraite», affirme-t-il. Et, sur ce dossier des équilibres financiers de la CNAS par rapport aux départs en retraite, dont les retraites anticipée et proportionnelle, il explique qu»'avec la nouvelle loi (sur la retraite, votée en 2016), qui est entrée pleinement en vigueur, le dossier est toujours pris en charge pour pouvoir assurer toujours les équilibres du grand système de la sécurité sociale, un dossier pris en charge au plus haut niveau».

En 2017, il a ainsi affirmé que plus de trois millions de nouveaux retraités ont été enregistrés. Il explique que «les départs pour la retraite proportionnelle se sont arrêtés au 31 décembre 2016, avec la promulgation de la nouvelle loi, et il y a les départs naturels à 60 ans, plus les bénéficiaires de dispositions transitoires», avant de relever que «nous avons plus de trois millions de bénéficiaires des avantages de la retraite en 2017». Ce qui est énorme pour les caisses de sécurité sociale, dont les équilibres financiers battent de l'aile. C'est à partir du 1er janvier dernier qu'est entrée en vigueur la nouvelle loi sur les retraites, dont la suppression de la retraite proportionnelle, alors que celle anticipée doit bénéficier à certaines catégories de métiers pénibles.

Selon le ministère du Travail, l'application de l'ordonnance 97-13, relative aux nouvelles modalités de départs en retraite, a fait que sur 1,6 million de droits directs de retraite (retraités), plus de 50% sont des retraites précoces. Mais, selon de précédentes déclarations de presse de M. Bourkaib, «le système reste en place, les droits sont préservés, et aucun paramètre de calcul de la pension de retraite ne change, le taux plein c'est 80% d'un salaire des cinq meilleures années». Pour rassurer les travailleurs et mettre fin aux «rumeurs», il a rappelé que «les travailleurs sont bien protégés, et il n'y a aucun changement des paramètres de calcul de la retraite». Par contre, les syndicats indépendants, dont ceux des personnels de l'éducation nationale, avaient notamment protesté contre la suppression de la retraite proportionnelle.

Selon les statistiques du ministère du Travail, il y a un peu plus de trois millions de personnes qui bénéficient à fin 2016 de la retraite, 1,8 million sont des pensions directes, le reste sont des avantages aux ayants droit, alors que le montant annuel global en droits contributifs est de 800 milliards de DA. Les écarts avec les cotisations sont énormes, et pour rééquilibrer les comptes des caisses de sécurité sociale, selon M. Djaouad Bourkaib, il fallait agir sur les retraites anticipées et proportionnelles qui grevaient les finances de la CNR. La situation devrait se normaliser progressivement avec la solidarité inter-caisses, a-t-il affirmé. Pour autant, l'annonce d'un départ en retraite de trois millions de travailleurs en 2017 remet tout en cause, même si au ministère du Travail on relativise, dont la hausse considérable des départs anticipés avant 2017, dans le sillage de l'annonce de la révision de l'âge légal de départ en retraite à 65 ans, contre 60 ans actuellement.

«Sans préjudice des dispositions de la présente loi et pour une période transitoire de deux (2) années, le bénéfice de la pension de retraite peut être accordé avec jouissance immédiate lorsque le travailleur salarié a accompli une durée de travail effectif ayant donné lieu au versement de cotisations égales à trente-deux (32) ans au moins, et atteint ou dépassé l'âge minimal fixé ci-après : cinquante-huit (58) ans en 2017, cinquante-neuf (59) ans en 2018 », indique un amendement de la loi sur la retraite. Cette disposition repousse donc à 2019 les départs en retraite à 65 ans.