La question
qui se posera toujours pour le gouvernement Tebboune,
c'est où trouver de l'argent pour financer le restant du plan quinquennal du
président Bouteflika? Les caisses sont presque vides
et le scénario vénézuélien fait très peur intra-muros!
Il faut noter en outre, la chose étant rare pour être soulignée ici, que le
pouvoir en place a, enfin, compris le danger d'un endettement extérieur, peu
créateur de richesses, sur la stabilité macroéconomique du pays à moyen et long
termes. Que fera-t-il alors? Se contenter de suivre la
spirale inflationniste dans ses montées les plus vertigineuses jusqu'à ce que
le peuple sorte dans la rue pour demander «le pain de la dignité»? Ou réfléchir à «une stratégie de diversification
économique», pourtant martelée aux Algériens depuis des décennies mais jamais
vraiment appliquée sur le terrain? «Loser» dans les
deux cas, l'exécutif battra sans doute en retraite dès la rentrée sociale en septembre! Car, s'il continue sur le rythme actuel, il
s'attirera les foudres des masses et s'il ose des réformes, il trébuchera
inévitablement sur beaucoup de freins dressés par les forces centrifuges
embusquées à l'intérieur même des appareils de l'État. Il est clair aussi que
le retard pris dans la mise en œuvre des réformes promises par Bouteflika a mis
les officiels dans l'embarras. Ces derniers ne savent plus quoi faire alors que
la nation est au bord du gouffre. Pire, ils ne se sont rendu compte que
maintenant qu'ils avaient tort sur leur choix hasardeux d'un système économique
rentier. Mais c'est trop tard! Puis, il y a un manque
flagrant d'audit et de transparence. Si A. Sellal a
bouclé ses valises du palais du gouvernement sans qu'il ne livre aucun bilan
détaillé de son travail, Tebboune est arrivé à
l'improviste pour conduire le train sur les rails de l'incertitude. Le trait
commun entre les deux hommes se résume dans l'expression suivante : «gestion de
la crise». Comme si, chez nous, l'idéal étant de gérer les crises et non pas
tenter de les résoudre! La troisième voie qui reste au
nouveau Premier ministre, mais combien risquée celle-là aussi : maximiser les
recettes fiscales et recourir à l'endettement intérieur. Ce qui revient à dire,
d'un côté, rogner davantage sur le budget d'importation, donc priver le marché
intérieur, après tant d'années de laxisme et d'opulence, de produits vitaux. Et
d'un autre, «taper» encore dans la poche du citoyen et les petits épargnants.
Bref, le plan d'action gouvernemental apparaît plutôt comme un génial manifeste
d'un songeur. Il se perd dans les généralités et semble moins consensuel dans
un climat politique caractérisé par l'absence de débat contradictoire. De toute
manière, Tebboune ne fera pas mieux, à moins d'un
miracle, que son prédécesseur, tant que la conjoncture économique (la baisse
des hydrocarbures) reste statique. En plus, l'atermoiement de mesures
politiques courageuses à même d'ouvrir la voie à un dialogue global a empiré la
situation. Enfin, où trouver de la force pour avancer, au milieu des
tiraillements et des couacs répétitifs au sein du régime?
Les deux ans qui nous séparent du rendez-vous présidentiel de 2019 seront
extrêmement cruciaux pour l'Algérie, autant sur le front économique que sur le
plan des luttes claniques !