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Seulement deux centres de réhabilitation existent: Plus de 400.000 personnes souffrent de schizophrénie en Algérie

par M. Aziza

  La schizophrénie est une pathologie psychiatrique qui se manifeste par la désintégration de la personnalité et par la perte du contact avec la réalité. C'est la maladie mentale chronique la plus fréquente. Elle touche 0,5 à 1% de la population algérienne, soit environ 400.000 personnes.

Les Algériens ne sont pas plus ou moins schizophrènes que le reste des populations mondiales, car la prévalence du trouble schizophrénique en population générale, au niveau mondial est de 1%. La différence réside, si on se compare à la France ou à des pays européens, dans la prise en charge des patients souffrant de schizophrénie, notamment en matière de remédiation cognitive et réinsertion sociale des patients stabilisés dans les services de psychiatrie.

Une rencontre scientifique dédiée à la Remédiation Cognitive au profit des personnes schizophrènes a été organisée, hier, par le laboratoire Abdi Ibrahim Remède, Pharma (AIRP) à l'hôtel AZ de Palm Beach, à Alger. Cette rencontre qui s'étale sur deux jours a regroupé des psychiatres, des psychologues, ainsi que le personnel médical des 24 services de psychiatrie du territoire national.

Une formation de deux jours qui vise, selon le professeur Laurent Lecardeur du Centre hospitalier universitaire de Caen en France, d'exposer les différentes techniques rééducatives visant à restaurer les fonctions cognitives défaillantes (mémoire, attention, fonction exécutive, cognition sociale et méta-cognition).

Le professeur affirme qu'au-delà de la prise en charge médicamenteuse et de suivi des patients schizophrènes, l'Algérie ne dispose pas d'une équipe spécialisée dans l'évaluation des troubles cognitifs chez les personnes qui souffrent de schizophrénie. Il a tenu à préciser qu'il avait déjà participé l'an dernier à une formation du genre sur l'évaluation des troubles cognitifs chez les personnes souffrant de schizophrénie. Il explique que cette deuxième rencontre vise la formation des spécialistes et du personnel médical exerçant dans les services de psychiatrie sur la maîtrise des principales techniques de remédiation cognitive chez le patient. L'enjeu est de permettre une prise charge adaptée des déficits cognitifs liés aux troubles psychiques afin d'aider les patients qui souffrent de schizophrénie à se réintégrer dans la vie sociale, et pourquoi pas une réinsertion professionnelle. Car, il faut savoir que les troubles psychiques liés à cette maladie apparaissent généralement au début de l'âge adulte environs entre 15 et 30 ans. C'est ce qu'a confirmé de son côté, Farid Kacha, président de la société algérienne de psychiatrie en précisant que cette maladie touche beaucoup plus les hommes que les femmes et que les troubles chez les hommes apparaissent à l'âge de l'adolescence, notamment entre 18 à 20 ans. Chez la femme entre 28 à 30 ans. Les troubles cognitifs concernent 80% des personnes souffrant de schizophrénie, note-t-il. De ce fait, il plaide pour l'ouverture de centres dans l'ensemble des services de psychiatrie dédiés à la réhabilitation des patients en santé mentale. Il a affirmé dans ce sens que le ministère de la Santé avait déjà donné des instructions pour l'ouverture de centres de réhabilitation dans chaque service de psychiatrie. Malheureusement, «deux centres seulement ont vu le jour, celui de Cheraga à Alger et un autre dans la wilaya d'Oran», a-t-il regretté.