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L'espoir fait vivre

par Moncef Wafi

«Vérités de l'Histoire», «devoir de mémoire», le passif avec la France peut porter différents intitulés mais, au final, il ne résume qu'une seule finalité : celle de la repentance. Si en théorie le dossier est franco-français, les Algériens n'attendant que des excuses et une amende honorable, les intérêts français en Algérie ont fait que le sujet soit avant tout national. Défendu par une cinquième colonne, n'ayons pas peur des mots, le dossier de la repentance est devenu à force tabou, relégué au second plan par les intérêts des uns et des autres. Les Français ont canalisé cette demande légitime et l'ont noyée, avant tout, au niveau de la chambre basse. L'opinion publique a assisté, ahurie, à un débat interne sur l'opportunité de cette démarche alors que les intérêts de la France et de certains cercles du pouvoir politique et économique sont en jeu.

A l'occasion du 5 Juillet, le chef de l'Etat a appelé la France à «une reconnaissance des vérités de l'Histoire». Si le sujet n'est pas nouveau comme on l'a vu, l'opportunité, elle, s'y prête, pourrait-on dire pour expliquer cette réactualisation de la demande algérienne. L'élection de Macron à la tête de la République française peut être interprétée comme une bonne nouvelle pour les Algériens et leurs attentes surtout que Macron, le candidat, avait reconnu le caractère sauvage de la colonisation française en Algérie qu'il a assimilée à «un crime contre l'humanité». La différence est là et elle est de taille. Macron, candidat à l'Elysée, est l'ami des Algériens. Macron, président des Français, n'a qu'un seul intérêt : celui des Français et le dossier malien en est le parfait exemple. Alors croire qu'il fera de cette question une priorité nationale c'est se méprendre sur les raisons d'Etat qui président au destin de la France.

Qu'on soit de gauche, de droite ou centriste, la raison d'Etat est supérieure aux programmes partisans. Elle est ce principe au nom duquel un Etat s'autorise à violer le droit au nom d'un critère supérieur. La France n'a rien à gagner en reconnaissant ses crimes, au contraire et Alger fait montre d'une naïveté surprenante en espérant toujours une issue favorable à ses exigences. Macron a déjà fait marche arrière sur le dossier syrien, confirmant son soutien à l'opposition syrienne après avoir donné l'impression de trancher sur la position ferme de son prédécesseur. Hormis cette question de repentance, on est encore en train de courir après la restitution des crânes des martyrs de la résistance nationale qui se trouvent dans un musée parisien ou de la récupération des archives de la Révolution et l'indemnisation des victimes des explosions nucléaires dans le Sud.