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FAF - Zetchi dévoile sa nouvelle feuille de route: Place à la rigueur et fin de l'amateurisme et du bricolage

par Kamel Mohamed

La réunion du bureau fédéral, tenue jeudi dernier sous la présidence de Kheireddine Zetchi, est intervenue à la fin de la présente saison, un exercice ayant connu des faits regrettables pour ne pas dire scandaleux. Cependant, ils sont considérés par l'actuelle équipe dirigeante comme les conséquences de la gestion de l'ancienne FAF que présidait Mohamed Raouraoua. La réunion de jeudi dernier se voulait en fait une nouvelle feuille de route que s'est fixée Zetchi qui compte apporter des changements notables dans le la gestion et la pratique du football national à partir de la nouvelle saison. Les décisions annoncées lors de cette 3e réunion du bureau fédéral, depuis l'élection de la nouvelle FAF, s'apparentent à des mesures «impopulaires» puisqu'elles risquent fort bien de soulever l'ire des clubs, habitués à des largesses et des compromis avec la FAF et la LFP.

Coup d'envoi des championnats des Ligues 1 et 2 - Zetchi corrige Kerbadj

La première décision prise par la FAF concerne le début des championnats des Ligues 1 et 2 de la saison 2017-2018, prévus respectivement les 25 et 26 août prochain. Alors que le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, avait annoncé que le championnat débutera au courant de la première quinzaine du mois de septembre, Zetchi a annoncé le contraire. La FAF a tenu à avancer le coup d'envoi du championnat en prévision des échéances internationales, à savoir les éliminatoires du Mondial-2018, celles de la CAN-2019 et une éventuelle participation de l'équipe nationale A' au championnat d'Afrique des nations en 2018 au Kenya. A cela s'ajoute la participation des clubs algériens aux coupes d'Afrique des clubs. La FAF a anticipé sur ces échéances en avançant les dates de début de la compétition au niveau national. Cette décision risque de discréditer Kerbadj, soutenu par la majorité des présidents de clubs, lesquels sont habitués à des compromis. Kerbadj avait estimé qu'il était impossible de débuter le championnat à la fin du mois d'août, compte tenu de la fin tardive de l'actuelle saison. Les joueurs devaient bénéficier d'une période de congé avant d'entamer la préparation d'intersaison, d'où les prévisions du président de la LFP de débuter le championnat le mois de septembre. Zetchi n'a pas pris compte des prévisions de Kerbadj, lui rappelant ainsi que c'est la FAF qui décide et qui gère ! Cette décision n'est pas faite pour plaire aux clubs, lesquels disent «soutenir» Kerbadj qui est, à son tour, en position de faiblesse face à Zetchi, sachant que la LFP ne dispose pas d'un agrément en tant que Ligue ou association. Elle reste une simple commission relevant de la FAF, chargée de gérer la compétition !

Le report des matches de championnat quasiment interdit

Le Bureau fédéral a pris des mesures qui interdisent quasiment le report des matches de championnat. Désormais, un club ne peut reporter son match que s'il dispose de quatre joueurs ou plus en sélection nationale. Or, il est rare de voir plus de quatre joueurs d'un club convoqué en sélection, y compris celle des A'. Quant à la sélection nationale A, elle est pratiquement composée de joueurs évoluant dans les championnats étrangers et il n'y a pas de risque de voir plus de quatre joueurs d'un même club local convoqués dans cette sélection.

La FAF a pris cette décision pour éviter ce qui s'était passé lors de la saison qui vient de se terminer. Les nombreux reports des matches de championnat, dus à la présence des joueurs dans les différentes sélections nationales (A' U23 ou militaire), ont fait que le championnat avait connu plusieurs arrêts. Cela s'était répercuté sur le déroulement de la compétition, laquelle s'était étalée jusqu'au mois de juin. Il faut reconnaitre aussi que les largesses accordées par la LFP aux clubs avaient causé cette fin tardive du championnat.

Le statut professionnel obligatoire pour les clubs des Ligues 1 et 2

Près de dix ans après avoir instauré le professionnalisme (2009) dans le football algérien, les clubs sont toujours gérés d'une manière amateur. Les décisions que l'ancien président de la FAF, Mohamed Raouraoua, appréhendait, viennent d'être prises par la nouvelle FAF.

Une des décisions prises par le BF jeudi dernier souligne qu'à compter de la saison (2017-2018), les clubs des deux Ligues 1 et 2 doivent obligatoirement disposer du statut de professionnel. Auparavant, la FAF sous la présidence de Raouraoua avait laissé le choix aux clubs accédant en Ligue 2 ou Ligue 1 de créer une Société sportive par actions (SSPA) ou préserver leur statut d'amateur qui leur permettait de bénéficier d'éventuelles subventions de la part des autorités locales. Cette demi-mesure a été carrément annulée par la nouvelle FAF qui oblige les clubs à aller vers le professionnalisme. Cela laisse supposer que la Direction nationale de gestion et de contrôle de la gestion des clubs (DNCG) sera mise en place.

Cette DNCG est appréhendée par la quasi-totalité des clubs qui avaient empêché, par diverses manières, son fonctionnement. Ils n'ont jamais coopéré avec la DNCG, laquelle était aussi le dernier souci de l'ancienne FAF !

Les clubs endettés à hauteur de 2 millions dinars interdits de recrutement

Les clubs dont les dettes dépassent deux millions de dinars (200 millions de centimes) seront interdits de recrutement, selon une décision prise par le bureau fédéral. Cette décision sera appliquée dès la nouvelle période des transferts des joueurs. «Les clubs réfractaires seront convoqués par la commission de discipline à partir du 20 juillet», selon la FAF. En effet, depuis le lancement du professionnalisme dans le football algérien, des dizaines de joueurs se plaignent du non-paiement de leurs salaires. Plusieurs d'entre eux ont saisi la Chambre de résolution des litiges (CRL) de la FAF pour avoir gain de cause, alors que d'autres, notamment les joueurs étranger, avaient sollicité l'arbitrage de la FIFA. La nouvelle FAF compte éviter ces faux-problèmes qui empêchent le football algérien d'aller vers le professionnalisme. Une option qui dérange plusieurs présidents de club, lesquels risquent de se retrouver dans la contrainte de se retirer du monde du football pour céder la place à plus compétents et plus honnêtes qu'eux.