Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Crash du vol AH 5017 d'Air Algérie: L'Espagnole «Swiftair» mise en accusation

par Moncef Wafi

Trois ans après le crash, dans le nord du Mali, du McDonnell Douglas (en juillet 2014), affrété par Air Algérie, avec 110 passagers et 6 membres d'équipage à bord, la compagnie espagnole Swiftair, propriétaire du DC-9-83, a été mise, jeudi, en examen, en France. Les chefs d'accusation vont d'«homicides involontaires par maladresse» à «imprudence, inattention» à «négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité». L'expertise judiciaire sur le crash avait confirmé, en mai 2016, à Paris, les défaillances techniques du DC-9-83 de Swiftair, révélées, en avril dernier, par le Bureau d'enquêtes et analyses (BEA).

A cette date, le BEA, et dans son rapport final, avait estimé que l'accident a été provoqué par «la non-activation» par l'équipage, du système antigivre, suivie de l'absence de réaction des pilotes pour sortir d'une situation de décrochage. Techniquement, l'obstruction des capteurs de pression des moteurs, en raison du givre, a conduit à une diminution de la poussée des moteurs, puis de la vitesse de l'avion, précipitant le crash. Le BEA avait, déjà, indiqué, en avril 2015, que «les paramètres enregistrés indiquent qu'il n'y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage», se basant sur les premiers éléments de l'enquête. Les avocats représentant l' ?Association AH5017 ? Ensemble', constituée de familles des victimes (6 Algériens, 54 Français, 23 Burkinabés et 6 Libanais) s'étaient interrogés, à l'époque, sur la formation des pilotes et l'information des compagnies par les constructeurs. Rappelons que le principal syndicat de pilotes espagnol, le ?Sepla', avait affirmé que l'équipage espagnol mis à disposition par une compagnie ibérique de leasing, ?Swiftair', n'était pas formé aux manœuvres qui auraient pu éviter le drame ne pouvant détecter la diminution de vitesse jusqu'au décrochage. «Les pilotes n'avaient jamais été formés pour affronter de telles situations» avait dénoncé le ?Sepla', dans un communiqué repris par l'AFP. Le syndicat a rappelé que d'autres accidents aériens avaient, déjà, été causés par ce type de problème, notamment celui du vol Rio -Paris d'Air France qui s'était abîmé dans l'Atlantique, en juin 2009, avec 228 passagers à bord.

Ariel Shocrón, chef du département technique du syndicat, indiquait que ?Swiftair' n'a pas mis en œuvre les formations complémentaires prévues par l'Organisation de l'Aviation civile internationale, avant le crash, justement, pour prévenir ce genre d'incident. Des experts français avaient, également, déclaré au ?Figaro', en janvier dernier, que les 2 pilotes n'étaient pas préparés face à ces situations d'urgence et n'avaient pas effectué de formation complémentaire sur simulateur sur certaines procédures telles que le décrochage et la récupération. Rappelons que le vol AH 5017 d'Air Algérie, assurant la desserte entre Ouagadougou et Alger, s'était écrasé dans le nord du Mali, environ 32 minutes après son décollage. L'épave du MD-83 a été retrouvée, près du village de Boulekessi, à 50 km, au nord de la frontière avec le Burkina Faso, par un drone d'observation de l'armée de l'air française, un ?Reaper', qui a localisé la zone de l'épave dans la région de Gossi. Chargé le 7 août 2014, par les autorités maliennes, de mener l'enquête technique sur l'accident, le BEA avait indiqué que l'avion avait été pulvérisé à son impact au sol après avoir perdu de la vitesse et viré à gauche pour une raison indéterminée, alors qu'il traversait une zone orageuse.