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Constantine - Soirées du Ramadhan: Le «cachet» de l'austérité !

par Abdelkrim Zerzouri

Un bien maigre programme culturel a été initié par la direction de la Culture pour égayer les soirées du Ramadhan. Si ce n'est pas le chant Malouf, c'est les Aïssaoua qui se produisent chaque soirée à travers les communes de la wilaya. Cela porte incontestablement le «cachet» de l'austérité. Les pouvoirs publics ne sont vraiment pas en phase de débourser de l'argent pour offrir du plaisir aux gens. C'est le privé qui doit s'investir dans le créneau et au client de payer la note de la détente.

Hélas, là où on est, le privé, lui, également se plaint du manque d'entrain des autorités pour encourager ce genre d'investissement, et l'on citera dans ce sillage des projets paralysés depuis quelques années «pour une simple épine dans le pied des investisseurs», à l'exemple de l'aquaparc, à la cité Zouaghi Slimane, la forêt d'El-Méridj qui reste sans aménagement, Djebel El-Ouahch qui n'a pas encore retrouvé sa place de parc d'attractions et de loisirs et s'offrir aux visiteurs? Donc, celui qui n'est pas fan de ce créneau doit voir ailleurs. Un ailleurs pas très séduisant. Car, pour le moment, on n'a pas écho de soirées de détente et de loisirs dignes de ce nom, pouvant offrir aux familles constantinoises un choix assez étoffé. «Les soirées du Ramadhan seront limitées aux rencontres familiales derrière les murs des domiciles, des sorties de shopping, ou les yeux rivés sur le petit écran jusqu'à ce que le sommeil les emporte», raillent des citoyens interrogés sur le sujet, «où passer les soirées du Ramadhan ?».

La question devient très désagréable pour certains, qui y répondent sur le même ton. «C'est le désert culturel», «pas d'idées à partager», «aucune imagination pour créer de l'animation dans les soirées du Ramadhan», «nous vivons dans un espace verrouillé», les avis nombreux expriment une lassitude infinie dans cette atmosphère crispée qui ne plaide en rien pour mettre le nez dehors dans les nuits du Ramadhan. «On n'a rien à Constantine, aucun espace pour se détendre après les longues journées de jeûne, et l'on se console d'avoir Facebook pour les rencontres virtuelles», répondent des jeunes. Pour ces derniers, «Internet est le sauveur de leurs soirées». Les cybercafés vont faire le plein après la rupture du f'tour, comme d'habitude, et également les attroupements de jeunes dans les quartiers autour des parties de dominos. Il y a également le «doudèche», ce jeu qui fait fureur dans le milieu ces jours-ci.

Il s'agit du «ludo classic», qu'on appelle affectueusement chez nos jeunes «doudèche», un dé qu'on lance et qu'on fait suivre par le déplacement du pion sur un tablier de 51 cases, selon le chiffre marqué sur le dé, et qui de notre temps s'est modernisé grâce à la nouvelle technologie. Le jeu est, en effet, une application parmi les plus téléchargées sur les smartphones ces dernières semaines. Le «doudèche», pratiqué entre 2 ou 4 joueurs, est devenu très populaire et il va certainement connaître un plus grand essor lors du prochain Ramadhan pour combler le vide des soirées et même pour passer le temps avant l'annonce du f'tour, assurent des accros au jeu. D'autres rappellent, dans ce contexte, que la première quinzaine du Ramadhan sera consacrée aux examens de fin d'année, et qu'il n'y aura de ce fait pas de place pour les loisirs. «On y pensera après les examens», lancent des jeunes qui disent privilégier les révisions en groupe lors des soirées du Ramadhan. En tout cas, on ne sera pas trop dépaysés lors de ces soirées du Ramadhan, étant sevrés sur les plans de la culture et des loisirs depuis belle lurette.