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La stratégie du chaos toujours à l'œuvre

par Kharroubi Habib

En se rendant en Arabie saoudite puis en Israël pour son premier déplacement à l'étranger, le président américain Donald Trump ne pouvait mieux signifier l'importance qu'il accorde aux relations que l'Amérique entretient avec ces deux Etats.

A l'un comme à l'autre, il a en effet prodigué les marques de soutien qu'ils les savaient en attente de sa part pour se rassurer que le froid jeté dans leurs relations avec l'Amérique par l'orientation donnée à la politique moyen-orientale par son prédécesseur et son administration n'allait plus être de saison. Donald Trump a satisfait leurs attentes au-delà de toute espérance en leur délivrant ce qu'ils voulaient entendre à savoir que le parapluie américain leur est garant quoi qu'ils entreprennent. La question que soulève cette réaffirmation du soutien américain aux deux pays formulée par lui est de savoir s'ils ne s'en prévaudront pas pour prendre l'initiative de provoquer dans la région un chaos encore plus dévastateur que celui dans lequel elle est présentement plongée.

Elle se pose d'autant que le président américain a abondé dans leur sens en parlant des problèmes que vit la région et s'est déclaré en accord avec eux sur le fait que leur cause en est la République islamique d'Iran. Il les a ce faisant implicitement encouragés à adopter une attitude belliciste contre elle dont la première manifestation consiste en leur alliance militaire. Ce dont les bases ont été posées lors de la réunion que le président américain a eue avec le monarque saoudien et les émirs des autres pétromonarchies. Benyamin Netanyahu n'a pas participé à la réunion mais il ne fait aucun doute que ce qui s'y est dit lui a convenu.

Au cours de cette réunion, Donald Trump a en effet fait valoir devant ses interlocuteurs arabes que l'alliance anti-iranienne dont ils sont demandeurs auprès de l'Amérique n'en serait que plus forte si elle inclut la puissance militaire qu'Israël représente et que le parapluie états-unien leur sera assuré à cette seule condition. Ce à quoi ont souscrit les roitelets moyen-orientaux dont la hantise est devenue uniquement iranienne et qui en gage de leur acquiescement ont convenu de normaliser progressivement leurs relations avec l'Etat sioniste et de se montrer conciliants avec lui sur la manière par laquelle il entend résoudre son conflit avec les Palestiniens.

Leur message, le président américain l'a transmis au Premier ministre israélien avec probablement l'encouragement de ne pas rabaisser des exigences d'Israël à l'égard des Palestiniens, mais aussi au président Mahmoud Abbas auquel il a fait valoir l'isolement palestinien qui découle du rapprochement entre Israël et les monarchies arabes et le contraint lui à rabattre celles des Palestiniens. Certes, Donald Trump s'est invité au Moyen-Orient avec l'intention publiquement déclarée de contribuer à ramener la paix dans la région et à en finir avec le conflit israélo-palestinien. Mais cette paix qu'il veut présuppose qu'il faut ajouter du chaos au chaos pour y parvenir. Quant à celle qu'il veut vendre aux Palestiniens, ce n'est rien moins que la « paix des cimetières ».