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Le football algérien pris en otage: De l'insolence des présidents de clubs au dopage des joueurs

par Kamel Mohamed

Le football algérien est pris en otage par une horde de présidents de clubs sans foi ni loi. Ce qui s'est passé le week-end dernier, avec le refus de certains clubs de permettre aux caméras de la télévision algérienne de retransmettre les matches du championnat de Ligue 1, est le prolongement de la mascarade de l'assemblée générale extraordinaire de la Ligue de football professionnel tenue jeudi dernier.

Les présidents des clubs des Ligues 1 et 2 ne veulent pas lâcher et sont prêts à sacrifier le football national pour préserver leurs intérêts personnels. La retransmission en direct des travaux de l'AG de la LFP a dévoilé le niveau intellectuel des présidents de clubs et leur voracité, tels des prédateurs, quand il s'agit de défendre leurs bas intérêts. Ils ont réussi à maintenir un président de Ligue, Mahfoud Kerbadj dont la cohabitation avec le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, est difficile, voire impossible. En ce sens, la non retransmission des matches de championnat est un message de la part de ces présidents dont la capacité de nuisance est grande et dangereuse.

En maintenant Kerbadj à son poste, ces présidents de clubs déclarent une guerre ouverte au président de la FAF qu'ils veulent faire tomber ou pousser à la démission. Le pire est à venir quand on sait que des matches de championnat sont programmés en diurne, durant le mois de ramadhan. On se rappelle des matches qui se déroulaient la journée durant le ramadhan, il y a quelques années. La violence avait alors connu une recrudescence sans précédent. C'est ce qui risque de se passer en cette fin de championnat. En anticipant sur ces incidents, Kerbadj avait déclaré qu'il n'avait pas été associé à l'élaboration du calendrier de fin de saison.

Or, les difficultés du calendrier actuel sont la conséquence de la gestion du championnat au début de cette saison par la LFP de Kerbadj et la FAF de Mohamed Raouraoua. Plusieurs matches ont été reportés de manière à laisser un cadeau empoisonné à la future LFP, qui allait être issue de la nouvelle FAF. C'est ce qui se passe actuellement avec la complicité des présidents de clubs.

Le comportement mafieux des acteurs du football national, lesquels s'entretuent pour leurs intérêts personnels et clubards et s'allient quand ils se sentent menacés, n'augure rien de bon pour le football national. La politique prônée par la FAF consistant à imposer aux clubs, à compter de la nouvelle saison, une gestion saine et transparente, a provoqué une réaction féroce de la part des présidents de clubs.

Le comportement de ces présidents reflète aussi la débandade constatée dans leurs équipes respectives. Il n'est pas donc étonnant que des joueurs s'adonnent au dopage et au cannabis. N'étant pas encadrés par des éducateurs et des présidents de clubs dignes de ce nom, ces joueurs évoluent dans un environnement de malhonnêteté et malversation.

En ce sens, c'est sous l'ère des actuels dirigeants, qui bénéficiaient des «aides financières» de la FAF, que le phénomène du dopage et de la consommation des stupéfiants chez les joueurs a connu une ampleur alarmante. Le maintien de ces présidents de club représente un réel danger pour l'avenir du football algérien, sachant que le peu de dirigeants honnêtes qui luttent encore vont disparaitre.