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Obligation d'afficher les prix, la qualité et l'origine des viandes: Les bouchers ne jouent pas le jeu

par Moncef Wafi

Les bouchers sont, désormais, obligés d'afficher et le prix et l'origine des viandes fraîches, importées, mais aussi de séparer les produits importés et locaux. C'est le ministère du Commerce qui le fait savoir, via un communiqué rendu public, lors de la première décade de mai, «à l'effet de protéger les consommateurs». Cette décision, qui survient après la délivrance de 19 licences, pour l'importation de 20.000 tonnes de viandes rouges fraîches, a également pour objectif de permettre aux clients «de choisir, librement, la qualité du produit étalé», indiquait, encore, le document ministériel. Pourtant, et selon le constat de l'APS, cette instruction a été peu suivie par les boucheries de la région algéroise. Sur les marchés de la banlieue-est d'Alger, particulièrement sur l'axe Mohammadia / Bab-Ezzouar / Dar El Beida / Rouiba, où un grand nombre de bouchers activent, la majorité d'entre eux ont tout simplement, ignoré ces nouvelles règles ou reconnaissent ne pas en avoir pris connaissance. Pour justifier ces entorses à la réglementation, ils estiment que l'information verbale compense l'affichage informatif. «Il suffit, seulement, d'informer verbalement nos clients sur l'origine des viandes quand ils nous le demandent», expliquent-ils. D'autres, à l'image de ce boucher, du centre-ville de Rouiba, jouent sur le rapport confiance avec la clientèle estimant inutile la directive du ministère du Commerce. «Notre clientèle nous connaît depuis des années (?) Ce sont des détails qui ne servent à rien. Ma seule obligation est de respecter les conditions d'hygiène et de préservation de la viande importée. C'est l'essentiel», précisera-t-il. L'autre explication de ce peu d'engouement, à respecter l'affichage est cette crainte de voir la clientèle opter pour une viande importée d'un pays musulman, au détriment des pays européens, même si les viandes importées de pays non musulmans obéissent à des règles d'abattage respectant le rite islamique, à la demande de la partie algérienne. Rappelons que 50% du contingent carné, concerné par les licences, sera importé d'Espagne, tandis que le reste proviendrait de France, d'Italie, du Brésil et de la Nouvelle-Zélande.

A Mohammadia, certains bouchers prétextent l'ignorance pour se dédouaner. «Je ne suis pas au courant de cette note ministérielle», dira l'un d'eux sans s'interroger sur l'intérêt pour le consommateur, d'une telle instruction. «Mais si le client veut s'enquérir de l'origine, je l'informe de vive voix et je lui laisse le choix», ajoutera-t-il. L'APS a, également, constaté que les quelques boucheries ayant respecté l'instruction ministérielle, ne l'ont appliquée que partiellement en séparant les viandes fraîches importées de celles locales mais en omettant d'indiquer le pays d'origine. Par ailleurs, l'affichage des prix fait défaut dans certaines boucheries, obligeant les clients à, toujours, demander les tarifs des différentes viandes exposées. «L'affichage est bénéfique aux deux parties. Cela épargne, en même temps, au client de demander le prix et au boucher de ressasser les prix, à chaque fois que le client le lui demande», avance-t-on. Pour se justifier, des bouchers jouent sur la versatilité des prix et de ce fait, il serait contraignant de changer l'affichage presque quotidiennement. Cependant, il a été constaté que les rayons boucheries de l'ensemble des grands commerces, à savoir les centres commerciaux et les grands supermarchés, appliquent scrupuleusement les nouvelles règles, en mentionnent les pays d'origine et les prix de toutes sortes de variétés des viandes mises en vente y compris les certificats délivrés par les services du ministère de l'Agriculture.