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FAF-Intérêts personnels et règlements de comptes: Le football algérien pris en otage

par Kamel Mohamed

Le football algérien est pris en otage en attendant que les choses s'éclaircissent à l'occasion des assemblées générales ordinaire (27 février) et élective (20 mars) de la FAF.

Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a refusé de s'exprimer ouvertement et officiellement sur son avenir à la tête de la fédération, bloquant ainsi les éventuels candidats intéressés par la présidence de la FAF. Raouraoua a signifié clairement aux membres du bureau fédéral qu'il ne se représentera pas à sa propre succession. Toutefois, cela n'a pas été consigné dans le communiqué officiel du bureau fédéral, entretenant ainsi un suspense qui sera fatal pour la stabilité du football algérien.

Plusieurs candidats potentiels avaient indiqué qu'ils étaient intéressés à condition que Raouraoua ne se représente pas, sachant que ce dernier aura le dernier mot grâce à ses manœuvres au sein d'une AG qu'il a "assainie" pour se maintenir le plus longtemps possible à la tête de la fédération. L'ancien président de l'USMA et actuel président du CSA-USMA, Saïd Allik, avait clairement déclaré qu'il ne présentera pas sa candidature au cas où Raouraoua se retire. Le même langage a été tenu par le président du Paradou AC, Kheiredine Zetchi. L'ancien ambassadeur d'Algérie en Italie et ancien président de l'association El Mouloudia, Rachid Maârif, a signifié que Raouraoua est "un ami", laissant entendre qu'il ne sera pas candidat tant que Raouraoua est président de la FAF.

C'est dire que Raouraoua empêche plusieurs candidats potentiels de prétendre à la présidence de la FAF. Le silence de Raouraoua est en fait un ballon-sonde. Il maintient le suspense, ce qui lui donne le temps de manœuvrer et de gagner du temps.  Dans un dernier espoir de s'accrocher au poste de président de la FAF, Raouraoua espère un geste du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Après avoir crié haut et fort qu'il n'a pas reçu d'aides de la part des pouvoirs publics et que la FAF fonctionne avec ses propres moyens, Raouraoua loue l'intérêt qu'accorde le chef de l'Etat au développement du football. Il cite même le pont aérien Alger-Khartoum de la fameuse venture d'Omdurman qui avait permis à l'Algérie de battre l'Egypte et de se qualifier au Mondial sud-africain en 2010. En s'en remettant au Président Bouteflika, Raouraoua aura utilisé sa dernière cartouche pour s'accrocher au poste de président de la FAF, sachant qu'il dirige la fédération depuis 2001 (premier mandat) avant de se retrouver dans la contrainte de la quitter pour revenir en 2009 jusqu'à ce jour. Parallèlement aux ambitions de Raouraoua, le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali avaient demandé des comptes à Raouraoua.

Le MJS est allé jusqu'à demander à Raouraoua de partir après son échec.

Malgré cet affront, le président de la FAF s'en remet au chef de l'Etat pour intimider ceux qui demandent son départ. Cela dénote des intentions de Raouraoua de s'accrocher à son poste, quitte à solliciter la FIFA. Ainsi, le bras de fer est engagé entre Raouraoua et Ould Ali.

Ce dernier a déjà exigé des comptes au président de la FAF tout en lui signifiant sa fin de mission. Les sélections nationales sont les premières à subir les conséquences de cette guerre de leadership. L'équipe nationale A est sans entraineur et ratera la date FIFA du mois de mars prochain. L'équipe ne se regroupera pas, ce qui confirme la thèse des joueurs ayant peur de venir à Alger. Pour rappel, l'équipe nationale A entamera les matches de qualification à la CAN-2019 dès le mois de juin prochain contre le Togo, avant d'enclencher avec les matches de qualification au Mondial-2018, le mois d'août contre la Zambie. Si la qualification au Mondial-2018 relève du miracle, celle de la CAN-2019 risque d'être compromise en raison des retards accumulés par l'équipe qui est sans entraineur et qui va rater son prochain regroupement. Il en est de même pour l'équipe nationale A', constituée de joueurs locaux.

Le recrutement d'un entraineur est reporté et l'équipe sera dirigée provisoirement par l'actuel responsable de la direction technique nationale, Toufik Korichi.

L'équipe nationale A' affrontera la Libye en aller et retour le mois d'août prochain et disputera deux matches amicaux le mois de mars prochain contre le Soudan. Si elle se qualifie, elle participera au CHAN-2018, prévu au Kenya.

Les autres sélections de jeunes catégories sont également sans entraineurs et risquent de ce fait de rater leurs échéances. Le football national reste ainsi suspendu à l'AG élective du 20 mars prochain. Il est malheureux que le football en Algérie dépende de personnes, alors qu'il devait être doté de structures qui résistent au départ des hommes. C'est la politique que semble adopter Raouraoua de manière à démolir le football national juste après son départ.