Il y a des
gens comme nous et d'autres pas comme nous. Remarque, il faut un peu de tout
pour faire fonctionner ce monde fou. Il y en a qui sont avec nous, d'autres
contre nous et certains restent, toujours, un peu flous. De toute façon, en
s'en fout. « Et puis, quoi encore ! », les terriens ne sont pas tous cousins,
amis ou ennemis, dans cet univers fermé comme une prison. C'est vrai, la vie
n'est pas tout en rose. Y'en a qui pensent et se comportent comme s'ils
n'étaient pas faits comme nous. Bof ! Après tout, ils sont libres d'être ceux
qu'ils sont. Mais, il faut souligner que ces petits détails empoisonnent la
sérénité des gens modestes. Cette situation est burlesque, entre nous. C'est
une drôle de vie de supporter des gens qui font les sourds. Pourtant les êtres
intelligents, il y en a beaucoup et suffisamment, chez-nous, pour faire
fonctionner, convenablement, le pays. La matière grise n'est pas une denrée
rare dans ce pays cramé. L'espèce qui n'est pas faite comme nous, est
imprévisible et subjective, quand elle agit contre nous. Qu'es-ce
qu'ils ont pour nous traiter stupidement, comme des moutons ? L'écart est
tellement immense avec ces pauvres gens démunis d'esprit. Ils ne veulent pas
prendre le train avec nous. Ces gens ne savent pas qui ils sont. Depuis que le
temps est ce qu'il est, ils se demandent d'où ils viennent et où ils vont. De
toutes les façons le peuple les connaît, très bien. Pourtant ils ne manquent de
rien, mais ils continuent, quand même, à nous considérer comme des riens. C'est
une véritable galère populaire, pour des gens comme nous. Ces gens qui ne sont
pas comme nous, ne veulent pas du bien à notre Algérie. Ils nous font des
histoires pour rien. On dit que pour garnir l'existence, il faut l'épicer avec
du rien. Le rien semble être indispensable pour faire fonctionner ce machin de
la vie. Ces petits riens s'amusent bien avec nos biens. Ils nous disent à
chaque fois, vous aboyez pour rien. Ces propres à rien nous empoisonnent la
vie, et il n'y a aucune thérapie à la maladie. Ceux qui ne sont pas comme nous,
bloquent la modernité avec leur tenace médiocrité. Les gens d'en haut
étonneront toujours les gens d'en bas, avec leurs absurdités quotidiennes.
Les gens
populaires ne savent que faire, devant les grands frères. La déception a pris
les devants, et nous ne pouvons pas faire autrement. Ces gens
là n'apprécient pas l'art, ils ont une haine contre l'histoire et ils
s'amusent, sournoisement, avec la bonne gouvernance. Le mensonge est devenu un
label qui discrédite le pays. Et le mal-vivre se manifeste, publiquement, dans
la rue. La classe politique arrose le peuple avec des discours soporifiques et
la communication sérieuse ne veut pas s'installer, entre les décideurs et les
commandés. La vie politique tourne sans énergie dans le pays, elle n'est pas
tellement attractive. Elle ne séduit pas la rue. Les politiques et les
arrivistes ont échoué, dans leurs manœuvres. Il faut du sang neuf. Entre-nous, les gens qui ne sont pas fidèles au pays, sont
des ennemis qui se dressent contre nous.