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De plus en plus de jeunes confrontés au chômage et à la pauvreté: La pêche artisanale comme moyen de subsistance à Ain El Turck

par R. Boutlelis

  La pêche artisanale constitue l'unique moyen de subsistance pour nombre de jeunes et moins jeunes riverains de la commune d'Aïn El Turck des localités Les Corales, Bousfer -Plage ainsi que le village Cap Blanc, sur le territoire de la commune d'Aïn El Kerma, dans la daïra de Boutlélis.

Issus de différentes couches sociales, ces adeptes de la pêche artisanale, dont la plupart ont hérité le savoir de leur parents, tandis que d'autres l'ont apprise en fréquentant des pêcheurs, sont unanimes à déclarer que cette activité leur permet de joindre l'utile à l'agréable. Selon les témoignages concordants formulés au ?Quotidien d'Oran' par des pêcheurs de la contrée d'Aïn El Turck , l'abondance du poisson de diverses espèces au cours de l'actuelle période, sur ce littoral, argumente l'affluence des embarcations de différentes dimensions, qui se manifestent, généralement, après le crépuscule, au large des côtes. Les fonds marins rocheux qui s'étendent au large de la petite localité de La Madrague, celle des Coralès, de Trouville, de St Roch, du village Cap Falcon, de Bousfer-Plage, dans la commune d'Aïn El Turck ainsi que du village de Cap Blanc, sur le territoire de la commune d'Aïn El Kerma, dans la daïra de Boutlélis, où rodent des bancs de poissons à la recherche de nourriture, constitue le lieu privilégié, pour la grande majorité de ces pêcheurs. Ceux qui sont mieux équipés poussent leur embarcation jusqu'à l'île Paloma et/ou au large des côtes témouchentoises où le poisson abonde, selon les pêcheurs invétérés. Pour la plupart, le produit de la pêche artisanale constitue une rente, qui contribue, essentiellement, à subvenir aux besoins de toute une famille. La plupart d'entre eux ne dispose, malheureusement, que d'un strict minimum en équipement nécessaire à cette activité, qui met souvent leurs vies en péril. Ils exposent le produit de leur labeur sur des tréteaux, protégés du soleil par des auvents de fortune, dans différents lieux publics et leurs abords immédiats, comme à titre d'exemple le marché de fruits et légumes de la commune d'Aïn El Turck. «Je n'ai pas à me plaindre du moment que j'arrive à me faire un peu d'argent en vendant mes prises.

Cela me permet d'aider, financièrement, mon père qui ne dispose que d'une petite pension de retraite. J'en garde un peu pour mes besoins personnels », a commenté, avec amertume, un trentenaire, domicilié dans le quartier de St Maurice, sur le territoire de ladite commune. «Au début, je pêchai uniquement par plaisir mais après, chômage oblige, cela est devenu une nécessité pour gagner un peu d'argent », a ajouté notre interlocuteur. Des déclarations similaires ont été formulées par d'autres jeunes pêcheurs, dont certains ont dû s'associer pour financer l'achat de leur matériel. Toujours est-il que les mauvaises conditions météorologiques demeurent un cauchemar pour les amateurs de la pêche artisanale et un véritable manque à gagner pour les chômeurs, notamment, qui la pratiquent pour subvenir à leurs besoins. A Cap Blanc, situé à cheval sur une zone frontalière, délimitant la daïra de Boutlélis à celle d'Aïn El Turck, la grande majorité des habitants se nourrissent, généralement, des gains provenant de la vente de leurs produits de pêche.

Etranglé dans une cuvette, que les éléments de la mer ont judicieusement façonnée, durant des siècles, Cap Blanc fait face à un petit îlot, baptisé par les conquistadors espagnols ?larguerma' en arabe «enemla», la fourmi, en raison de sa forme. Abordé par ?Le Quotidien d'Oran', Hamid natif du village Cap Falcon, dans la commune d'Aïn El Turck, issu d'une famille vivant au seuil de la pauvreté, a énuméré une longue liste de couacs. « Il nous n'est pas facile de s'adonner à la pêche artisanale avec le peu de moyens dont nous disposons. Mon embarcation et mon moteur m'ont coûté 180 millions de centimes. J'ai encore emprunté pour m'acquérir le matériel nécessaire » avant d'ajouter avec une pointe de dépit « pour vendre les produits de notre pêche nous sommes dans l'obligation de louer les services d'un transporteur clandestin pour se déplacer ou encore d'accepter les offres misérables des mandataires, qui se déplacent, régulièrement, dans notre village, pour profiter de notre impasse. Nous sommes pied au mur et nous lançons un SOS aux responsables concernés ». Ces pêcheurs sont unanimes à revendiquer une aide de l'Etat à même de leur permettre de pratiquer cette activité, synonyme pour eux de gagne-pain.