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Politique budgétaire: L'Algérie «un bon exemple» pour le FMI

par Moncef Wafi

  Le FMI est satisfait de la politique de l'Algérie en matière d'efficacité budgétaire et le fait savoir.

Sa directrice générale, Christine Lagarde, a indiqué ce samedi à Dubaï que «l'Algérie constitue un bon exemple», se référant à la loi de finances de 2017 qui «prévoit un cadre à moyen terme qui fixe des objectifs de recettes et de dépenses pour les trois exercices à venir». S'exprimant au cours du deuxième forum arabe des finances publiques, la Française a reconnu la maîtrise algérienne en termes de budgétisation «à travers le programme mis en place fixant les objectifs de recettes et de dépenses sur plusieurs années», soulignant la nécessité pour les économies arabes de définir les objectifs de recettes dans la conception d'une politique fiscale globale.

La définition de ces objectifs aide à équilibrer les budgets, en alignant les recettes sur les dépenses «aussi bien à court qu'à long terme», expliquera-t-elle. Si le FMI avait maintenu ses projections de croissance pour l'Algérie en 2016 et 2017, il soulignera que le solde du compte courant a représenté -15,1% du PIB en 2016 et devrait baisser à -13,7% du PIB en 2017 et maintenir la même tendance baissière jusqu'à 2021 à -6,3%. Pourtant, la vision de la Banque mondiale est plus critique puisque, selon son dernier rapport, les indicateurs macroéconomiques de l'Algérie sont négatifs, elle qui fait face, au même titre que la plupart des pays exportateurs de pétrole, à une situation budgétaire compliquée. En effet, la balance du compte courant est déficitaire dans de nombreux pays de la zone Mena, indique la BM, et dans le cas de l'Algérie, les déficits concernent aussi bien le budget que la balance des paiements.

Mais le dilemme des pays de la Mena, à l'image de l'Algérie, est ce choix cornélien entre politique sociale et réformes structurelles, souligné par la BM qui a reconnu les difficultés de mettre en œuvre de telles mesures, même si elles impactent positivement les finances des pays de la région. Qu'à cela ne tienne, la patronne du FMI appelle les gouvernements arabes à centrer leur politique fiscale sur certaines priorités fondamentales, s'adressant en particulier aux pays exportateurs de pétrole qui doivent «diversifier les sources de recettes pour ne plus dépendre du pétrole ou du gaz». A ce propos, Christine Lagarde a suggéré, dans un premier temps, une taxation sur le tabac et les boissons sucrées avant de réfléchir à d'autres recettes de la fiscalité des revenus et des biens fonciers.

Quant aux pays importateurs de pétrole, elle préconise de dégager des recettes plus importantes en élargissant l'assiette des impôts existants à travers «la simplification des barèmes et la suppression d'exonérations, de trêves fiscales et d'autres niches qui ne profitent qu'à une minorité et ouvrent la porte aux arbitrages», précisera-t-elle en prenant exemple sur l'Egypte qui a décidé, en 2016, de remplacer son ancienne taxe générale sur les ventes par une nouvelle taxe sur la valeur ajoutée. «Une fois qu'elle sera pleinement mise en œuvre, cette nouvelle TVA permettra de mobiliser 1,5% du PIB de recettes supplémentaires par rapport à l'ancienne taxe», a-t-elle prévu.

Mais, c'est sans compter sur la réaction de la rue puisque la Banque mondiale, prenant aussi en exemple le cas de l'Egypte qui a renoncé à poursuivre la réforme de subvention des carburants en raison «du risque politique», explique que ces ajustements «pourraient déclencher le mécontentement parmi les populations qui dépendent du soutien du gouvernement pour certains produits et services». Elle prévient en revanche que si elles ne sont pas menées à terme, elles pourraient avoir «de possibles retombées négatives sur la confiance, l'investissement étranger et la croissance». Elle estime également que la réponse sociale à ces réformes diverge d'un pays à un autre entre «mitigée» en présence de compensations gouvernementales et «vigoureuses». De son discours de Dubaï, on retiendra aussi ses déclarations sur l'Algérie à laquelle «nous avons fourni des conseils sur la manière d'améliorer la conformité fiscale et la qualité des services aux contribuables». En Égypte, «nous avons aidé l'administration des recettes à se préparer à l'introduction de la TVA». En Irak, «nous avons procédé à une évaluation diagnostique des administrations fiscales et douanières». En Jordanie «nous avons contribué à améliorer l'exactitude des données des contribuables, ce qui peut améliorer la conformité fiscale et réduire les arriérés d'impôts» et au Liban, «nous avons fourni des conseils sur la réduction de la fraude à la TVA et avons contribué à renforcer les procédures de gestion des risques».